Les vases
de la vie quotidienne (2008)
Quelqu’un m’a fait à son
sujet remarquer que je ne cherchai pas à cacher les moyens de la construction
mais m’en servais pour en faire des éléments de décoration. Je ne m’en étais pas
rendue compte mais j’ai approuvé. J’ai en effet pratiqué cela toute ma vie et
dans tous les domaines. Notamment dans mes innombrables œuvres textiles dans
lesquelles je n’ai jamais cherché à cacher les coutures ou les points, les
mettant tout au contraire en valeur, en dépit des critiques de ma mère qui
m’accablait de son mépris parce que je n’étais pas aussi habile qu’elle dans
cette discipline fondamentale. J’ai adopté la même stratégie avec ma maîtrise
approximative de la grammaire française, attaquant ainsi la langue par la face
Nord.
Ce n’est donc peut être pas
complètement par hasard que c’est dans ce vase que je range mes couverts
quotidiens, ceux de ma solitude, ceux qui ont un manche en bakélite ou bien qui
évoque les grands voyages pour ne pas perdre de vue qu’il est toujours possible
de partir vers un ailleurs autrement, ainsi qu’un crayon bille pour parer à
toute éventualité Il est vrai que les poèmes parviennent par surprise et
souvent au petit matin.
J’ai par ailleurs toute
sorte d’autres systèmes de couverts, coordonnés ou non à employer selon les
convives et les circonstances. On peut trouver ma vie matérielle bien
compliquée, or c’est l’inverse. L’adéquation du fond et de la forme me donne
une tranquillité et une solidité sans égale qui me laisse l’esprit libre pour
l’art et la littérature. Ce vase est comme beaucoup des précédents, décorés
avec les empreintes faites par un de ces tampons qui servaient autrefois aux
femmes à marquer le linge qui relevait de leur ministère. Là non plus ce n’est
pas un hasard. Ce genre d’objet qu’on trouve dans les brocantes pourrait
figurer dans un Musée des Arts Indigènes
Diamètre
Terre blanche sous couverte
transparente
Il contient les médicaments
à usage journalier. Il est décoré avec le même système d’empreintes.
Diamètre
Terre verte sous couverte transparente
Nota Bene
Dix
huit mois plus tard fin 2010, une nouvelle utilisation de ce vase là a rendu
nécessaire de nouvelles explications.
Ceci
montre la fécondité d'une perestroïka appliquée aux objets et plaide pour le
maintien - voire la réintroduction - des grands nettoyages de printemps et
d'automne permettant de reconsidérer la fonction réelle de chaque objet et son
articulation au milieu ambiant. En retrouvant leur sens profond, ces corvées
ménagères pourraient alors être davantage le chemin de l'émancipation que celui
de l'asservissement et contribuer à faire apparaître la vraie nature de la
FORMONTRANCE : à savoir un traité d'économie domestique, c'est à dire
d'économie tout court.
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Mise à jour : mai
2009