Minotaure cœur sur la main

2009 (n° 85)

 

 

2010 11 29 - Minotaure  (14)

2010 11 29 - Minotaure  (3)

2010 11 29 - Minotaure  (12)

 

On a du mal à imaginer qu’habitant un labyrinthe construit par Dédale, cet enfant crétois ait - en dévorant tous les neuf ans son quota de jeunes gens fournis pas la Grèce - terrorisé l’Antiquité avant que Thésée ait décidé d’en faire son affaire … C’est que ce mythe fondateur n’a pas encore été suffisamment élucidé, les restaurations hollywoodiennes des Palais Minoïens de l’Ile Mère ayant pris le pas sur la nécessité de fouilles archéologiques qui étrangement demeurent encore à faire …

 

C’est que l’ordre n’est pas aussi solidement établi qu’on le croit – surprise de la modernité - et que la sauvagerie rejaillit d’autant plus facilement qu’aussi paradoxal que cela soit, le droit lui-même se développe en laissant de côté la Loi. La Révolution Cybernétique en multipliant les connexions, en l’absence de grammaire augmente d’autant les labyrinthes dans lesquels se perdent les homo sapiens en panne et de cartes et de territoires parce qu’on a substitué à l’anthropologie la politique, à la politique le droit, et au droit … 

 

C’est sans doute ce dont Picasso a eu l’intuition en peignant avant la Deuxième Guerre Mondiale La dépouille du Minotaure en costume d’Arlequin. Cette peinture reproduite dans un hebdomadaire feuilleté d’un doigt distrait pendant une pause, m’a inspiré le titre d’un récit de la liquidation de l’Etablissement dans lequel j’ai pendant longtemps gagné ma vie.

 

C’est là que j’ai découvert le chaos que peut semer - et doit ensuite affronter - la matière vivante que personne n’a formatée. Cette nature brute où chaque être lutte pour son propre compte est une jungle qui a pour moi défié la littérature elle-même, puisque n’est resté d’un ouvrage beaucoup plus important que les quelques pages de mon Minotaure en habit d’Arlequin m’obligeant ainsi à aller plus loin et à me sauver en arpentant une année entière le dédale, les impasses et les recoins du Marchoir qui désormais nécessairement, l’accompagne.

 

Cette perception m’avait tout de même parue suffisamment juste pour que l’œuvre de Pablo me revienne dans l’illustration de la couverture de ce livre publié à la fin du siècle précédent. C’est là que j’ai à l’encre de Chine représenté l’air extasié de l’enfant monstre, celui qui donne à penser que j’étais déjà - dans ces textes - sur la voie de cette œuvre céramique. C’est que si j’avais déjà compris le caractère séduisant, charmeur et charmant de cette chimère -  compréhension sans doute soufflée par un autre tableau du même Maître - je n’en avais pas encore mis en évidence la pièce maîtresse.

 

Celle qu’explicite mon essai La Totalnité.

 

L’un des bras de cette étrange créature est en fait un cordon ombilical qui le relie à tout pour lui assurer sans aucune contrepartie, l’accès à ce qui n’est même plus objet, mais simple fourniture puisée dans un gisement imaginé illimité, le même canal assurant l’évacuation de tout ce qui le gêne dans sa dévoration : la et surtout les formes, les codes, les langues.

 

Hauteur 30 cm - Diamètre entre 14 et 21 cm

Terre rouge jaune et brune sous couverte transparente

 

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Mise à jour : novembre 2010