La faillite de
General Motors (2009)
Cette construction est
comme toutes les autres ejusdem farinae faite de bric à brac, de bric et de broc, d’éléments du fourbi qui ne cesse
de vouloir s’installer dans mes affaires alors même que je m’en débarrasse
régulièrement de cette façon. Mais je constate avec déplaisir que c’est
toujours à refaire.
Le socle de l’ouvrage est
la récupération d’un élément en bois qui m’a servi un moment à décorer une
chambre dans une datcha virtuelle qui n’a d’ailleurs pas dépassé ce stade.
Néanmoins en dépit de ce fait, lorsque je me suis aperçue qu’il manquait d’un
côté de cet élément censé être un supplément esthétique, l’une des roses
sculptées, rompant ainsi la symétrie sans pour autant valoriser
l'étrangeté de l’hétérogénéité, j’ai
retiré cette dépouille du lieu en question et l’ai reformée.
Mais en contrepartie, j’ai
dû en supporter plusieurs années l’encombrement.
C’est donc avec
contentement que je me suis lancée dans cette réalisation, trouvant là le moyen
d’extérioriser la stupéfaction qu’a généré en moi l’annonce en 2009 de la
faillite de la firme de fabrication automobile General Motors. Pourtant les
théoriciens de l’Ecole Classique Smith, Ricardo, Say et consorts que m’avaient
enseignés mes maîtres à la faculté de Droit qui couronne avec la Mairie du Vème
où je me suis mariée et le Panthéon, la Montagne Sainte-Geneviève m’avaient
bien annoncé l’événement, puisque ce qu’ils appelaient la main invisible du marché opérait immanquablement
régulant le tout grâce aux variations de prix, les mécanismes d’adaptation
lorsque l’offre était supérieure à la demande.
Cette théorie ayant été
validée par les faits, à savoir les faillites en chaîne déclenchées par
l’ouverture à tout va des frontières dans le cadre d’une globalisation
planétaire sans autre loi que celle d’une concurrence à la baisse des salaires
organisée entre les candidats à la survie, j’ai entrepris par souci
pédagogique, d’en visualiser le fonctionnement en rendant visible la main
invisible et le processus de basculement qu’elle génère.
C’est sur ce socle de
basculement que j’ai accumulé les éléments de la faillite. Non seulement le
stock de voitures et de camions, mais aussi les outils des ouvriers licenciés
et jusqu’aux ustensiles utilisés par les employés dans les bureaux, trombones
compris. Je suis particulièrement contente d’avoir trouvé pour couronner
l’ensemble à placer la statuette représentant la fortune avec sa corne
d’abondance, son pas aérien frôlant à peine le globe, allégorie parfaite de la
mondialisation d’autant plus qu’elle a été fabriquée dans un métal jaune qui
n’est pas forcément de l’or.
Je n’en connais pas la
provenance car je l’ai découverte en vidant le bureau de mon père après son
décès. Pas assez artistique pour entrer dans mon musée personnel, elle était
trop jolie pour aller à la poubelle, comme d’autres éléments de mon héritage
dont il a fallu se séparer faute de place, non sans avoir appliqué mon principe
de « pour chaque objet, le meilleur destin possible ». Règle qu’on
pourrait tenter d’étendre à la matière humaine rejetée au pourtour d’un univers
en proie à
Je ne pouvais pas non plus
la remettre à une organisation charitable pour en tirer parti car mes dernières
tentatives dans ce sens se sont soldées par des fins de non recevoir,
qu’économiste j’ai aussitôt analysées comme le résultat de la pléthore
ambiante, elle-même consécutive à la productivité inouïe des machines, doublée
d’un productivisme à tout crin.
Les tentatives d’empêcher
la faillite au moyen du raphia, fils de fer et autre caoutchouc se sont avérées
sans effet.
Profil |
Face |
Dos |
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Surplomb |
Détail |
Hauteur 25cm Profondeur 12cm Largeur
ç Œuvre précédente
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Mise à jour : octobre 2009