Lundi matin
Lundi matin très tôt
Comme ce n’est pas encore le jour
Mais seulement le cœur de la nuit
Le jour administratif tout de même
Lundi vingt trois Avril Mille neuf cents quarante cinq
A zéro heure quinze selon Maman
Zéro heure vingt selon le registre de la Mairie
Comme Berlin était en flammes
Et que les vainqueurs soviétiques
Hissaient leur drapeau rouge
Sur les toits du Reichtag
Lundi matin très tôt
A zéro quinze
Les portes de la matrice de fer
Se sont ouvertes
Et j’ai jailli gluante
Toute pleine de bruits et de fureur
De rage
D’angoisse
Et d’impuissance
D’avoir lutté neuf mois
Dans la caverne maternelle
Contre l’empoisonnement
Lundi matin très tôt
Le jour de la Saint Georges
Vingt trois Avril
Vainqueur du dragon déchaîné
Enchaîné
J’ai bondi hors des ténèbres
Comme une source lumineuse
Au portail du devant
Préservée à jamais de la paresse
Du doute et de l’inconséquence
Ainsi ai-je les qualités
De tous les matinaux
Mais non hélas la grâce d’échapper
A la déréliction
Car à quoi bon
Âme mélancolique
Me lever tôt
Si ma mère elle-même
Ne veut pas de moi
JH 4.7.2005
Mise à jour : septembre 2020