LES
SOLEILS IMMOBILES (1975-1990)
Recueil de poèmes de Jeanne Hyvrard
Mis en musique et représentés dans un
opéra-ballet joué à Amsterdam en 1997 par Murielle Lucie Clément cantatrice,
compositeure et scénographe et en partie incorporés dans ses diverses
productions et publications …
*Raconte-moi tes luttes
Camarade
Tes pierres de lune
Et tes copeaux d’espoir
Les baisers mauves
Donnés par les colombes
Et l’effort des mots
Pour sourdre de ta bouche
*****
*O le passeur
Dans la barque toujours recommencée
Mène-moi
A travers la faille
Au haut bout de moi
Mille fois j’ai brûlé
Revenant cendres
Dans ton berceau d’osier
Mille fois j’ai germé
Au son de ta voix
Au bruit de tes rames
Au chant de ton doigt
*****
*Les eaux avaient envahi les terres effondrées
Il fallait vivre quand même
Tout n’était pas inondé
Les terres se rejoignaient
Sous la bulle de la contemplation
Je marchais le long des rues
Cherchant un cahier pour y coucher mes rêves
Pour que s’y endorme le désir fou de l’autre part
La terre d’Eldorado
Sans cesse submergée
Sans cesse renaissante
Certains jours la vie n’était pas possible
La mort non plus n’était pas facile
A cause de l’espérance
*****
*Que dire à celui qui veut mourir
Et qui crie dans la nuit
Croira-t-il à la beauté du monde
Croira-t-il à la fragilité des roses
Croira-t-il à la force
De ce qui meurt pour renaître
De ce qui doute pour connaître
De ce qui cesse pour recommencer
Que dire à celui qui veut mourir
Et qui crie dans la nuit
Croira-t-il aux ailes des oiseaux
Emportées par le vent
Croira-t-il aux ailes des oiseaux
Soulevées par le vent
*****
*Sans la terre
Comment dire la faim
Sans les mots
Comment dire le manque
Sans le corps
Comment dire la chair
Sans la bouche
Comment dire le cri
*****
Avignon
*Me tirer une balle dans la tête
En plein midi
Devant le Palais des Papes
Parce que la poésie n’aura pas suffi
Parce que le théâtre n’aura pas suffi
Parce que l’amour n’aura pas suffi
Me tirer une balle dans la tête
En plein midi
Sur le parvis
Parce qu’à l’absolue quête d’absolu
Il n’aura été répondu
Que Tais-toi
Me tirer une balle dans la tête
Défigurer enfin cette bouche
D’où s’envolent les oiseaux
Pour qu’elle devienne
Charnier de mots
La nourriture des corbeaux
*****
*Fuir fuir fuir
Je fuirais au superlatif
Si je savais décliner les verbes
Je fuirais au conjonctif
Confondant futur et conditionnel
Je fuirais à l’imparfait
Abandonnant ma dépouille morte
Je fuirais au plus que parfait
Dans le jaillissement du refus
Je fuirais sans l’infinitif
Qui me fait traverser les verbes
Sur mes chevaux de feu
*****
*Mets tes mains sur mes oreilles
Que cesse le harcèlement des choses
Le croassement des affiches
Les pleurs du calendrier
Le clapotement des tuyaux
Mets tes mains sur mes oreilles
Que j’entende le bourdonnement de ton amour
Tes doigts couleront
Eau et sel
Sables et coquilles
Crabes et poissons
Tes doigts couleront noyant mon cerveau
*****
L’abbaye de Fontenay
*L’arc pour apprendre la brisure
Le retable pour apprendre la cassure
La dalle pour apprendre la fracture
La souffrance de la terre battue
Pour n’être pas close en sa construction
La souffrance de la terre battue
Pour apprendre l’humilité
La souffrance de la terre battue
Pour apprendre le passage
La porte des morts
La porte de la nature
La porte du recommencement
Le cloître pour apprendre la paix
La charpente pour apprendre l’abri
Le dortoir pour apprendre le repos
La forge pour apprendre l’effort
L’hôpital pour apprendre l’espérance
La fontaine pour apprendre la soif
Et le silence pour apprendre
Quoi donc
Que l’on savait déjà
*****
*Hurler à la mort
Du chagrin du mensonge
Hurler à la mort
Du mensonge qui mène à la mort
Hurler à la mort
De la mort qui vient des songes
*****
*Chagrin
Chagrin d’amour
Toujours le même
Il n’en est qu’un
Infiniment recommencé
Les fruits amers des soleils qui n’ont pas assez
brillé
Les moissons avides céréales que le vent a enfollées
Et les plumes décérébrées
Drapeau mortel
Des oiseaux aux ailes brisées
*****
Cardiographie
*Les caillots des
Causses
Coulent vers le cœur de ma peine
Artère de la Jonte
Troublant bonheur
Veine de la Dourbie
Sang de la déception
Gorges du Tarn
Mains serrées
Ce n’est pas la peine
Les caillots des Causses
Coulent vers le cœur de ma peine
Larzac
Méjean
Causse Noir
Cause Rouge
Comment savoir la couleur de ma peine
Oreillettes de m’entends-tu mon amour
Ventricules de donne-moi ton corps
Sauveterre Sauveterre
Mourrai-je d’embolie
*****
*Le causse noir est couvert de neige
Le causse rouge est couvert de peine
Dans la cour il y a trois oiseaux morts
Morts de faim morts de froid morts de chat
*****
*La vie broyée
Entre mémoire et commencement
Le passage étonné
Entre blessure et enfantement
L’élan retenu
Entre don et durcissement
Le corps éperdu
Entre fonte et emmurement
L’oiseau étincelant
Entre rage et consentement
*****
*La moisson est proche
Les épis enfollés
Voient venir vers eux
Les fers des moissonneuses
Ils ne peuvent pas s’enfuir
Enracinés qu’ils sont
Dans la mémoire de la terre
Alors à quoi bon trembler
Pleure pleure
La fleur rouge du coquelicot
Est l’éternel témoin du sang
*****
*Je ne parierai pas cent sous sur ma vie
Et pourtant
Comme la grève est rose au bord du lac
Je ne parierai pas cent sous sur ma vie
Et pourtant
Comme est bleue la bleuité des arbres bleus
Je ne parierai pas cent sous sur ma vie
Elle n’est que le reflet du miroir
Où les visages se sont perdus
A la roulette du fond des eaux
J’ai pêché des poissons morts
*****
*Tu seras au jardin éternel
Et tes mots pour toujours
Dans la bouche des serpents
Tu seras au jardin éternel
Et tes mots pour toujours
Dans la chair des volcans
Tu seras au jardin éternel
Et tes mots pour toujours
Dans le vol des corbeaux
*****
*Amis
Vous marchez trop vite
Je ne peux pas vous suivre
J’ai des figues dans les yeux
Des fleurs sur les doigts
Des sarments dans les mains
Amis
Vous marchez trop vite
Je ne peux pas vous suivre
J’ai des cailloux dans les poches
Des fagots sur le dos
Des maisons dans la chair
Amis
Vous marchez trop vite
Je ne peux pas vous suivre
J’ai un chien dans le cœur
*****
*Si tu savais
De quel doute est faite ma foi
Si tu savais
De quelle détresse est faite ma joie
Si tu savais
De quels sanglots est fait mon rire
*****
*Cet après midi là avait été
comme une symphonie
Sur le banc de la cuisine
Qui donc parlait
Hautbois et clarinette
Les cymbales de Juliette éclataient de soleil
La trompette s’enquerrait de l’Apocalypse
Le cor de chasse monologuait
Les violons des vivants
Chantaient bonheur et détresse
Manquaient les orgues de Saint-Bertrand
Sur le mur du couloir
L’ombre de la grille
Pinçaient les cordes de l’amour
Dans le cœur de la harpe
*****
*J’aurais voulu
A homme neuf
Montrer blessure ancienne
Trace nacrée
De tumeur accouchée
Terre ouverte
Et faille refermée
J’aurais voulu
A doigt nouveau
Offrir gorge nouvelle
Mais il ne m’a donné qu’un baiser
*****
Paysage
*Terre violette
Terre fauve
Corps rouge
Brume mauve
Branches de doigts écartelés
Falaises sombres du renfermement
Feuilles rousses du vallon
Eaux de sang
Pierres de chair
Racines de pieds blessés
Feuilles de mains tendues
Grottes de cris
Hurlements
*****
*Ferme bien ton plumier
Quelquefois les crayons s’évadent
Ferme bien ton plumier
Quelquefois les bois fleurissent
Ferme bien ton plumier
Quelquefois les plumes s’envolent
*****
*Quand j’aurais traversé l’horizon
Mettez dans une enveloppe
Le papier peint de la mansarde
Les cartes de Noël
Coton et paillettes
Les cartes de Noël
Les mignonnettes
Mettez dans un chapeau
Le lapin blanc des jours heureux
Et jetez les dans le vent
*****
*Fatigue ou tristesse
Comment t’appelles-tu
Je m’appelle désespoir
Et toi que fais-tu
Je dors
Je dors
Je dors
N’entends-tu pas la femme qui crie
Si
Je l’ai connue autrefois
*****
L’opération
*A la cognée je dirai fais moi
tronc
A la scie je dirai fais moi
planche
Au ciseau je dirai fais moi
fleur
A la faux je dirai fais moi
herbe
Au rasoir je dirai fais moi
poil
A la hache je dirai fais moi
cou
Au couteau je dirai fais moi
viande
Au scalpel je dirai fais-moi chair
A la vie je dirai fais-moi femme
*****
*Dans les vases de Saint Antoine
Il y a des lys
Des branches de pommiers
Et des roses aussi parfois
Dans les lits de Saint Antoine
Il y a des femmes
Qui souffrent et pleurent
Et qui espèrent aussi parfois
Dans les chambres de Saint Antoine
Il y a des hommes
Qui viennent et s’en vont
Et qui sourient aussi parfois
*****
A
l’anesthésiste
*Au dieu de la
souffrance
Je dirai j’ai vu tes mains
Entre fièvre et infection
Entre peau et incision
Entre mal et possession
Au dieu de la souffrance
Je dirai par tes mains
J’ai consenti à la dormition
Au dieu du sommeil
Je dirai j’ai vu ta barque
Entre noyade et jouissance
Entre brume et connaissance
Entre algues et renaissance
Au dieu du sommeil
Je dirai par ta barque
J’ai consenti au voyage
Au dieu de la mort
Je dirai j’ai vu tes yeux
Entre masque et chaudron
Entre philtre et flacon
Entre magie et potion
Au dieu de la mort
Je dirai par tes yeux
J’ai consenti à la guérison
*****
*Les jours avec
Et les jours sang
Les jours de colère
Et les jours de nuit
Les jours de désir
Et les jours de manque
Les jours de commencement
Et les jours de faim
Les jours de Monet
Et les jours de Dali
*****
*Une souffrance sans précédent
La matrice tuméfiée
La trompe infectée
L’ovaire putréfié
Une douleur sans précédent
Le ventre incisé
Les entrailles entaillées
La chair arrachée
Un bonheur sans précédent
La mort défenestrée
Le corps ressourcé
La vie refigurée
*****
*A tant de cicatrices
Comment ai-je un visage
A tant de mutilations
Comment ai-je un corps
A tant de brisures
Comment ai-je une vie
*****
*Dans la vague de l’insomnie
Entre hublot et cadran
La lumière bleue du bâtiment
Le navire mauve et pâle
Entre sommeil et veillerie
Le navire hôpital
Dans le silence de la nuit
Le navire amiral
Dans l’escadre d’après minuit
Dans la vague de l’insomnie
Entre les cales et la brise
La cargaison rouge de tes cerises
Le navire plaie et mère
Entre désir et remuement
Le navire ventre et terre
Entre paix et déchirement
Le navire mot et chair
Entre cri et déchirement
Dans la vague de l’insomnie
Le phare là-bas à l’horizon
Balisant quel port où nous allons
*****
*Cette aile blessée
Cette aile arrachée
Cette aile déportée
Cette aile que tu n’osais abandonner
Sans passer et repasser
Le long du caniveau transfiguré
Cette aile lavée et délavée
Quel chagrin l’avait emportée
Mémoire de déité
Au firmament de la chaussée
*****
*Son corps menu et violacé
Se balançait dans l’escalier
On aurait dit une digitale
Au flanc de la montagne
Ses bras tremblaient
Sous le poids d’un bourdon
Quel insecte d’ennui
Cognait ses ailes tristes
Au mur du chagrin
*****
*Au fin bout du pays
Entre pêche et raisin
Au fin bout du pourtour
Entre croix et chemin
Au fin bout du voyage
Entre rêve et venin
Au fin bout du poème
Entre joie et chagrin
*****
Poème berbère
*Les voleurs d’images font fuir les gazelles
Tourne tourne la roue du
puits
Il n’y a plus d’eau
Plus que les voiles noirs
Des femmes à la fontaine
Coulent coulent les recluses
Flot de terre
Désert de pierre
Coffret prison
Bijoux berbères
Fermoirs de la maison
Recluses recloses
La source est vide
Les voleurs d’images ont les mains libres
Volent volent les oiseaux
*****
*Tournent tournent les
tournesols
Tourne le sol
Et les gerbes et les champs
Et le bois et le ciel
Et les oiseaux quelquefois
Noirs le soir
Blancs le matin
Tournent tournent les nuages
Tournent les pages
Et les mots et les phrases
Et les lettres et les images
Et les pensées quelquefois
Noires le soir
Blanches le matin
*****
*O la sainte goutte d’eau
Qui débordant du vase
Mouille la dignité
Cendres et brûlures
La plaie de ma blessure
O ma colère de rage
O ma droite cavale
O mon rêve d’horizon
Emporte-moi
Au pays des âmes-poissons
*****
Poème à la russe
*Mon cœur est un cheval glacé
Qui doit pour respirer
S’arracher au rocher
Les lavoirs me sont bornes frontières
Givre neige verglas
Il faut tout réapprendre
Que m’est il arrivé
L’enfant luge se tourne vers sa mère
Le fondeur ouvre son aile d’oiseau
Le corbeau s’élance vers le soleil
Moi seule
Au bord du chemin
Je marche
*****
*Une colombe noire
Avait fait son nid
Au sein de mon sein
Ils ne lui ont pas
Laissée ouvrir ses ailes
Bistouri au clair
Ils ont fondu sur elle
Les vautours blancs
*****
*Passent passent
Les anges aux ailes noires
Dans leurs trompettes
Le tocsin de l’angoisse
Et le glas de l’espérance
Leurs plumes d’athanor
Pour quelle cuisson mortelle
Encore une fois
Et mille et une fois
Où m’emmènent-ils
Vers quelle liqueur de glace
Dans le ravin de mes veines
Vers quel mouroir de draps
Dans quelle ville lointaine
Vers quel linceul blanc
Dans un lit éternel
*****
*J’ai pris la mort
Au corps à corps
Sur un air de mazurka
Ils ont aimé le bal
Mais trouvé que je dansais mal
Dans des bras cavaliers
J’ai vu mon âme s’envoler
*****
*Je me suis endormie
Refaisant le nid
De mille brins de poésie
Je me suis endormie
Au creux de notre lit
Dans une douce rêverie
Je me suis endormie
Ma tête au midi
Dans le bruit de ta scierie
Je me suis endormie
Je me suis endor
Je me suis en
Je me suis chauve-souris
*****
*Plage laiteuse au dessus du
causse
Grève terminale d’une marée de cauchemar
Dans la soupe des étoiles
Je navigue depuis le commencement
J’ai traversé des océans de mots
Explorant des gouffres sous les golfes glacés
J’ai découvert un détroit balisé par des vagues
J’ai fait le tour du monde
Prenant la mer dans le déclin rougeoyant
Tu es resté au port
Tu n’avais pas le pied marin
Tu aimais les remparts dans les jours fortifiés
Nous nous rencontrions dans les îles lointaines
Tu savais par l’écume ce que le vent soufflait
Chaque nuit j’embarquais pour le plus noir naufrage
Mes griffons enfermés dans la cale
Chaque matin je revenais le pont gluant de phrases
Déversant dans ton aube impassible
Mes poissons volants
*****
*Je parle
Tu causes
Elle hurle
Nous devisons
Vous jactez
Ils patoisent
*****
*Dans cette aurore de Mars
Ces choses merveilleuses
Au sein du ciel
Au creux des branches
Dans le tohu bohu
Dans les vapeurs d’essence
Dans le rêve fracassé
Ces tumeurs d’espérance
Les nids
*****
*Orion
Comme un grand corps
Bouge encore
Sur l’horizon
O l’impossible trêve des constellations
Le raide carquois
Jette au ciel flèches et baudrier
Trois étoiles blessées
Pleurent au firmament
O la guerre inutile contre les noirs Titans
L’éruption sauvage
Et la lave froide des tourments
Orion
Comme un grand corps
Bouge encore
Sur l’horizon
O le cadavre du cauchemar
Dans la boue du volcan
Bombes et pierres ponces
La nuit décante
Rêve et sédimente
Basalte et porphyre
Le jour fouille les décombres
O le tranchant de ma lutte intestine
Eclats de hache du matin d’obsidienne
La terre tourne
Et avec elle le temps
Il faut attendre
Passent passent les larmes
de Saint Laurent
*****
*Derrière le rideau
Le corps devient roseau
Derrière le rideau
Le pêcheur devient bateau
Derrière le rideau
Le fauconnier devient oiseau
*****
*Au-delà de l’Océan
Au-delà de la Cordillère
Je vous dirai un Chili noir
D’arbres en fleurs
Un ciel pacifique
Sur une chape de neige
Une fin d’hiver austral
D’agaves d’acanthes et de palmes
Au bord de l’Océan
Contre la cordillère
Je vous dirai un Chili brun
De corps en pleurs
Une mer pacifique
Sous une chape de plomb
Une fin du monde polaire
Une éternelle glaciation
*****
*Je voulais t’écrire une phrase
Mais les lettres ont filé
Irritées
Je voulais t’écrire une page
Mais les phrases ont sauté
Angoissées
Je voulais t’écrire un livre
Mais les pages ont glissé
Terrifiées
*****
*Il faut que l’hiver hiverne
Et que Novembre ait des fils
Décembre et Janvier
Et Février surtout
Son petit dernier
Il faut que la terre se repose
Et que le vent ventôse
Que le jardin s’apaise
Et que les nids se taisent
Il faut que les oiseaux quêtent
Et que les renards inquiètent
Il faut que les végétaux végètent
O la noire gestation
De leurs racines secrètes
*****
*Je voudrais
Que la mort ne m’ait jamais touchée de son aile
Et que les fleurs ignorent tout de l’hiver
Je voudrais
Que les libellules ne sachent rien du désert
Et les poissons encore moins du filet
Je voudrais
Que les baisers mauves enfantent des colombes
Et qu’elles couvrent le ciel de leurs mots éternels
*****
*Demain j’irai dans la chambre à gaz
Où nul ne comprendra mon angoisse
Je serai délivrée de mon corps
De pierre et de chair
De fleurs et de jardins
Je partirai en fumée
Dans le ciel mauve de Mai
Mes cendres de colombe
Rejoindront le colombier
Et je ferai germer au fond des nids
La litière noire des temps nouveaux
*****
*En ce lieu
Je reste désolée
Tu t’en vas amoure
Me laissant isolée
Esseulée
Seule
Comme une grande fleur rouge
Au milieu du chantier
En ce lieu
Je reste séparée
Tu t’en vas amoure
Me laissant emparée
Accaparée
Désemparée
Comme une grande fleur rouge
Au milieu du charnier
*****
*Si je perds l’espérance
Dites-leur qu’à cause des fous
J’ai perdu l’espérance
Si je perds la raison
Dites-leur qu’à cause des fous
J’ai perdu la raison
Si je perds la vie
Dites-leur qu’à cause des fous
J’ai perdu la vie
Mise à jour : novembre 2013