Quelques poèmes
Je suis fatiguée comme
De
Tranché
Pour
Et en moi
La mémoire des miens
Continuer à œuvrer
O le passeur
Dans la barque toujours recommencée
Mène-moi
A travers
Au
Mille fois j'ai brûlé
Revenant cendres
Dans ton berceau d'osier
Mille fois j'ai germé
Au son de ta voix
Au bruit de tes rames
Au chant de ton doigt
Plage laiteuse au dessus
du causse
Grève terminale d'une marée de cauchemar
Dans la soupe des étoiles
Je navigue depuis le commencement
J'ai traversé des océans de mots
Explorant des gouffres sous les golfes glacés
J'ai découvert un détroit balisé par les vagues
J'ai fait le tour du monde
Prenant la mer dans le déclin rougeoyant
Tu es resté au port
Tu n'avais pas le pied marin
Tu aimais les remparts dans les jours fortifiés
Nous nous rencontrions dans les îles lointaines
Tu savais par l'écume ce que le vent soufflait
Chaque nuit j'embarquais pour le plus noir naufrage
Mes griffons enfermés dans
Chaque
Déversant dans ton aube impassible
Mes poissons volants
Il est des fleurs qui fânent parfois
D'un seul coup
Des pivoines pesantes
Que le jardinier oublie de visiter
Et qui penchent leur cou
Dans l'allée désertée
Des myosotis timides
Lovés le long des murs
Et las de n'être jamais remarqués
Des jonquilles désemparées
Parce que leur printemps a passé
Des lys pâles au creux des cathédrales
Fleurs ombrageuses
Voilées sous les regards
Malades de leur virginité
Des œillets porte-malheurs
S'abandonnant à
Et
Ne supportant pas les affronts
D'avoir au paradis
Orné la couche d'Eve
Elles étaient là comme deux colombes
Entrelaçant leurs cous
Aile contre aile
Pattes contre pattes
Sagement assises sur le perchoir des chaises
L'une était triste
Et l'autre aussi
Elles s'ennuyaient
Elles roucoulèrent langoureusement
Se firent un signe
Et s'envolèrent
J'ai planté une haie
d'églantines
En mémoire de ma mère
La mère de
Pour
Le dernier passant
Se retourne sur elle
Comme des oiseaux en amour
Entrelacent leurs cous
Dans les bras
Dans le lit les liseurs
Entrelacent leurs livres
Et dans le tournoiement des pages
Du gonflement des verbes
Un roucoulement s'élève
Je dors au long cours
Navigant à l'estime
Abandonnée aux flots
Aux algues
Et aux oiseaux
Errant sans boussole
D'île en péninsule
De côte en coteau
Rêvant par habitude
Ivre de solitude
Batelière fantôme
Dans mon berceau d'osier
Songeant de toute
éternité
Entre les draps
Je flotte
Le corps enamouré
Le réveil ne sonne plus
Tant désormais je devance l'appel
Montant au front dès avant l'aube
La tête ceinte de mots compatissants
La carcasse lourde et la peau desséchée
Pas faute d'amour pourtant
Mais d'amicalité
Armée de l'âge ô mon unique armée
Ainsi vais-je au
devant du devisement du monde
Coulant vers la jeunesse sans peur ni reproche
Dévoilant pour elle l'histoire des navigants
Nos grands prédécesseurs
Du premier catalysme à l'ultime redressement
Le réveil ne sonne
plus
Tant désormais je monte au front
Au milieu de
L'obscurité
Au monde de l'enchantement
Le jour ne revient
plus
Il me faut l'inventer
O l'armement de la belle armature
Et le front lourd
De l'armateur compatissant
Le réveil ne sonne
plus
Tant au milieu de
Je
La boussole à
Penchée
Connaissants
(2001)
La rumeur du monde
Monte des boites à images
Electriques électroniques
Eparses Comparses Hélas
Boites à sons
Boites à images
Boites à sons et images
Boites à fiction
Hallucination
Informatique et virtuelle
Télématique compulsionnelle
Infographique et délétère
La rumeur du monde
Monte des boites électriques
Manque le corps compassionel
Berceau de bras réels
Penchés béants
Sur le malheur vivant
La rumeur du monde
Monte des boites électroniques
Hochets lumineux agités
Devant les yeux exorbités
O les cris étouffés
(2002)
J'ai pris un tour de rein
A retenir mon père
Qui glissait
Vers le sol
Vers le froid
La
Le granite
Le marbre
Et la terre incréée
J'ai pris un tour de rein
A retenir mon père
Qui glissait
Avec obstination
Tentant contre toute raison
Adam désemparé
De retourner au limon
(2002)
Accords de guitare
Matin docile
Accords de guitare
Matin fébrile
Accords de guitare
Matin gracile
Un joueur
Gratte à
Dessus
Un joueur anonyme
Pince les cordes
De mon cœur
Un joueur anonyme voisinal
Mélancolie matineuse matinale
Aube
docile
Accords de guitare
Aube
fébrile
Accords de guitare
Aube
gracile
(2002)
Une
pigeonne
Gorge
de pigeon
S’efforçait
maladroitement
De
se tenir en équilibre
Sur
la ramure aérienne
D’un
lierre
Lui-même
mal accroché
Au
fond mur
Du
fin fond de la cour
Le
végétal ployait
Sous
le poids du volatile
Qui
tentait entre ciel et terre
Semblait-il
De
faire son nid
Et
dans cette fantastique balancelle
Dont
la belle semblait avoir l’habitude
Et
lui le feuillu prolifique la supporter
Pour
n’être point par trop mauvais coucheur
Ils
paraissaient l’un et l’autre
Ensemble
hésiter
Entre
les deux principes fondateurs
L’espérance
Et
la pesanteur
Je suis la fille de la défunte
Dis-je au serviteur de la cérémonie
Il neigeait modérément
Et le temps était doux
Je suis la fille de la défunte
Dis-je à celui qui était autrefois
Le maître de cérémonie
Je suis fille de la cérémonie
Dit la neige en écho
Je suis née du silence du linceul
Et de la plainte de l’aube
(28 XII 2005)
Mise à jour : décembre 2008