Impression soleil couchant
Tenture de Jeanne Hyvrard (2015)
Largeur 86 cm Hauteur 76 cm
Chacun
connait le fameux tableau peint par Claude Monet en 1872 intitulé Impression soleil levant. Grâce à la
dérision du conformiste critique Louis Leroy qui s’en est moqué, c’est son
titre qui a donné son nom à cet inouï surgissement de la nouveauté. Depuis les
œuvres des Impressionnistes sont montées au firmament de l’art pictural.
En
matière de représentation du monde, on n’est jamais à l’abri d’une Révolution
et c’est toujours une surprise ! Pourquoi donc ? Parce que les signes
avant-coureurs en ont été négligés - sauf par les prophètes - mais surtout
parce que dans notre culture, on ne s’est pas préoccupé – tout au contraire -
d’établir des passerelles entre la Philosophie, la Science et l’Art au sein
d’une pensée globale qui aurait permis et permettrait de rendre compte de
l’ensemble des observations.
Ainsi
cette tenture Impression soleil couchant prend-elle
acte de son côté du bouleversement en cours, révolution technique globalitaire
lors de laquelle dans des sociétés de plus en plus disloquées tant par les
nouveaux modes de production que par les rapports de production qui les
accompagnent, l’être humain lui-même est en proie à la fragmentation.
Il
est rejeté à la périphérie d’un nouvel agencement du monde, une grande
machinerie ultra connectée et proliférant pour son compte de toutes les
nouvelles connexions disponibles, en occupant désormais Le Centre. Comment s’étonner
alors de la régression qui ne fait qu’occuper l’espace déserté, déshabité,
désaffilié dans lequel la déshérence s’étend, remettant au goût du jour des
fléaux dont l’espèce pouvait croire à tort avoir émergée ?
Cet
ouvrage textile a été composé sur une toile quelconque qui a dû autrefois être
un drap puisqu’on en voit encore en haut, brodés de très beaux jours croisés.
Il est dû à un amoncellement d’étoffes de tous genres et de sciences sociales,
non seulement parce que chaque tissu a son histoire mais aussi la plupart du
temps a donné lieu pour l’auteure à une série d’évènements, d’anecdotes, de
conversations et de recherches qui lui ont permis d’articuler des disciplines
qui dans la doxa officielle ne pouvaient pas l’être.
Comment
croire que le tissu soit un langage comme celui des signes l’est pour les
muets, le braille pour les aveugles et cette langue là pour celles et ceux qui
n’ayant pas oublié leur mère - à savoir trente mille ans de civilisation - ne
peuvent se résigner à se cantonner dans l’étroitesse de la pensée binaire du
tiers exclu ?
Et
d’autant plus que La Révolution Globalitaire le voit - plus que jamais -
remonter à la surface …
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l’exposition
Mise
à jour : décembre 2015