Le Déluge

 

Tenture de Jeanne Hyvrard

 

Le Deluge (2)

85 cm de large et 70 cm de haut

 

Sur un torchon hérité de la parentèle et portant encore les initiales RL d’une ancienne propriétaire qui n’a pas pu être identifiée avec certitude.

Réalisé selon les techniques habituelles des broderies au coton DMC et des appliqués à partir de divers tissus domestiques, le nuage vert provenant d’un ancien pull over porté par l’auteure.

La particularité de cette réalisation textile là - en comparaison de celles de la série - est la grande quantité de lacets, cordons ou rubans utilisés pour figurer les eaux y compris ceux servant traditionnellement à emballer les cadeaux ou dans une perspective pratique plus qu’en raison de préoccupations écologiques ceux récupérés sur les sacs de shopping distribués par les entreprises avec lesquelles on a précédemment fait affaire …

Sur le fond, cette scène étrange - voire foldingue - m’a été inspirée par le récit d’un ami qui me répercuta avoir entendu dans un reportage médiatique concernant une inondation ayant eu lieu en Asie, le fait qu’une femme en avait réchappée en s’accrochant à un tigre tandis que de son côté un homme emporté dans le même cataclysme avait utilisé de son côté comme flotteur un gros serpent !

Pour baroque que cette aventure soit, il n’est finalement pas si étonnant que cela que cet évènement lointain ait sa résurgence ici jusque sur mon site. C’est que l’unité de la matière vivante n’est pas pour moi une découverte car c’est sa puissance qui traverse tout mon œuvre tant littéraire que plastique et je ne me suis pas privée de l’écrire déjà de multiples façons. C’est ce flux qui me sidère depuis ma petite enfance et a fait de la contemplation extatique de l’Etant, mon activité principale.

Le déluge lui-même n’apparait plus du coup que comme une péripétie parmi d’autres nombreuses et variées. Sans doute d’avoir lu que quelque peuple riverain de la mer Caspienne l’appelait autrefois et peut être toujours de leur côté la mer du Grand Déversement.

Impossible pourtant en raison sans doute désormais de mon âge, de me souvenir si c’est en lisant Malte Brun qui m’a déjà procuré tant de bonheur que je l’ai appris ou bien dans le compte rendu du Professeur Pallas envoyé un siècle avant l’édition du manuel du géographe par la Grande Catherine de Russie pour inventorier la région nouvellement conquise par ses troupes.

Non que ce déluge n’ait plus ou pas de secret pour moi, encore que … mais il y a déjà bien longtemps que j’ai signalé vouée à l’échec la tentative de la Genèse de partager les eaux tant leur âme leur est commune et tant reste au fond de moi cette mémoire primordiale et pourtant …

Quant aux appliqués des nuages, ils portent à eux seuls la marque de la Révolution Cybernétique dans leur jaillissement contre la pesanteur et la couleur verte de la nouvelle création, celle que décrit déjà ma monstrueuse littérature dans Ton nom de végétal la seule façon que j’ai trouvée de nommer l’inédite bouture autrefois humaine …

 

 

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Mise à jour : décembre 2016