Effigie maternelle

 

(2011 ou 2012)

 

2015 12 25 - Effigie maternelle (2)

2015 12 25 - Effigie maternelle (5)

 

2015 12 25 - Effigie maternelle (8)

 

Hauteur 57 cm Largeur 40 cm

 

Autrement dénommée Maman poupée exorcisme, cette construction largement inspirée des rites vaudous n’a pas autant soulagé ma douleur que je l’aurais espéré. Néanmoins on fait ce qu’on peut ou plutôt vaudrait-il mieux dire Ca fait ce que ça peut.

Fabriquée à l’aide du dernier châle russe qu’elle a porté, de l’une de ses robes avec de belles fleurs orange, l’un foulard violet de sa propre mère Marie Dherbécourt née Hyvrard sœur de la Grand Tante dont j’ai pris le nom pour signer mon œuvre.

Cette femme – la Grand Tante - passait pour une sorcière au motif qu’elle n’avait pas perdu la mémoire comme il était de bon goût de le faire dans cette famille chaque fois qu’un problème n’avait pas de solution ou risquait de mettre en cause quelqu’un(e) qui souhaitait demeurer au-dessus de tout soupçon.

Comment s’étonner alors de cette remontée de la part refoulée de ce nœud d’afflictions dont aucun d’entre nous n’est sorti indemne et la plus chanceuse écrivain.

C’est au moment de ses clichés pour la mise en ligne - à la fin de l’année 2015 - que j’ai découvert le visage noir de cette poupée - exorcisme, pigmentation sans rapport avec la réalité de ma mère hexagonale dont les mancêtres (sic) étaient des paysannes savoyardes tenaces et entêtées.

Il m’a fallu alors pour trouver une explication à cette bizarrerie me souvenir qu’ayant publié en 1975 aux Editions de Minuit mon premier livre Les Prunes de Cythère et n’ayant aucun goût pour la médiatisation, je n’avais pas fourni de photographie comme le milieu littéraire pouvait encore à l’époque le tolérer.

C’est ainsi qu’est née la légende affirmant que j’étais moi-même une femme noire, tant il était impensable que ce livre dénonçant la colonisation omniprésente dans la vie des individus puisse avoir été écrit par une femme blanche hexagonale et salariée à plein temps dans un lycée technique près de la Gare du Nord.

Avoir produit cette effigie ne me rassure pas au sujet d’une question dont je crois pourtant avoir fait le tour même si les séquelles des mauvais traitements et abus endurés m’ont condamnée non seulement à un état de santé désastreux mais aussi à une vie si précaire qu’il me faut tous les matins au réveil, décider que je vivrai quand même.

Cette œuvre protéiforme n’est que l’effet secondaire de ce curieux agencement mental.

 

 

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Mise à jour : janvier 2016