Effigie
maternelle
(2011
ou 2012)
|
|
|
|
|
Hauteur
57 cm Largeur 40 cm
Autrement
dénommée Maman poupée exorcisme, cette
construction largement inspirée des rites vaudous n’a pas autant soulagé ma douleur
que je l’aurais espéré. Néanmoins on fait ce qu’on peut ou plutôt vaudrait-il
mieux dire Ca fait ce que ça peut.
Fabriquée à
l’aide du dernier châle russe qu’elle a porté, de l’une de ses robes avec de
belles fleurs orange, l’un foulard violet de sa propre mère Marie Dherbécourt née Hyvrard sœur de la Grand Tante dont j’ai
pris le nom pour signer mon œuvre.
Cette femme – la
Grand Tante - passait pour une sorcière au motif qu’elle n’avait pas perdu la mémoire
comme il était de bon goût de le faire dans cette famille chaque fois qu’un
problème n’avait pas de solution ou risquait de mettre en cause quelqu’un(e)
qui souhaitait demeurer au-dessus de tout soupçon.
Comment
s’étonner alors de cette remontée de la part refoulée de ce nœud d’afflictions
dont aucun d’entre nous n’est sorti indemne et la plus chanceuse écrivain.
C’est au moment
de ses clichés pour la mise en ligne - à la fin de l’année 2015 - que j’ai
découvert le visage noir de cette poupée -
exorcisme, pigmentation sans rapport
avec la réalité de ma mère hexagonale dont les
mancêtres
(sic) étaient des paysannes savoyardes tenaces et entêtées.
Il m’a fallu
alors pour trouver une explication à cette bizarrerie me souvenir qu’ayant
publié en 1975 aux Editions de Minuit mon premier livre Les Prunes de
Cythère et n’ayant aucun goût pour la médiatisation, je n’avais pas fourni
de photographie comme le milieu littéraire pouvait encore à l’époque le
tolérer.
C’est ainsi
qu’est née la légende affirmant que j’étais moi-même une femme noire, tant il
était impensable que ce livre dénonçant la colonisation omniprésente dans la
vie des individus puisse avoir été écrit par une femme blanche hexagonale et
salariée à plein temps dans un lycée technique près de la Gare du Nord.
Avoir produit
cette effigie ne me rassure pas au sujet d’une question dont je crois pourtant
avoir fait le tour même si les séquelles des mauvais traitements et abus
endurés m’ont condamnée non seulement à un état de santé désastreux mais aussi
à une vie si précaire qu’il me faut tous les matins au réveil, décider que je
vivrai quand même.
Cette œuvre
protéiforme n’est que l’effet secondaire de ce curieux agencement mental.
Retour au sommaire de
l’exposition
Mise
à jour : janvier 2016