Autoportraits

 

Autoportraits

Autoportrait à la casaque

Autoportrait à la formosité

Autoportrait à la tête de Méduse

Autoportrait à la Turque

Autoportrait à l'écrasement

Autoportrait virtuel

 

Autoportrait à la casaque

La photographie de l'auteure a été prise à Milly-la-Forêt dans la maison de ses propres parents, l'été de la parution de son premier livre Les prunes de Cythère, l'année de ses trente ans. Elle est vêtue d'une casaque faite par ses soins en tissu africain comme c'était son habitude à l'époque. Le patron en avait été un vêtement acheté et porté à la Martinique quelques années auparavant, années durant lesquelles elle n'avait pas cessé de fabriquer pour elle et pour d'autres des vêtements de ce genre. La coiffure est à la mode afro comme c'était la tendance dans cette période de l'Histoire dans les milieux progressistes. La retouche a été faite par Jeanne Hyvrard en 2002 pour illustrer l'angle mort de la représentation à l'occasion de la publication d'un de ses textes dans le volume Mère et Fille de la revue IRIS. Elle a eu lieu à l'encre de Chine et par surprise.

 

 

Autoportrait à la formosité

 

 

Autoportrait à la tête de Méduse

 

Il figure sur la couverture de l’édition originale (Indigo Côté-Femmes 2008) du recueil de nouvelles de l’auteure : La galerie des reptiles est fermée à l’heure du déjeuner. A ce stade l’appellation parait logique bien que le livre accompli n’en ait pas gardé la trace. Chacun connaît en effet le mythe de Méduse, même ceux qui tout en l’ignorant ont fait un sort au verbe méduser. C’est que cette créature avait la particularité de pétrifier quiconque la regardait en face, aune à laquelle la coiffure de serpents qui était la sienne apparaît une coquetterie qui passerait inaperçue dans le chaos d’aujourd’hui. Le courageux Persée parvint à la tuer en lui tournant le dos tout en se guidant dans le revers de son bouclier qu’il utilisa alors comme un miroir démontrant ainsi qu’en matière militaire le rapport des forces requiert une sérieuse analyse de l’hétérogénéité des armes nécessitant elle-même un recours à la pensée complexe et non simplement binaire.

 

La galerie des reptiles est fermée à l’heure du déjeuner se situe donc dans un univers post-médusien confirmant l’efficacité d’un tel meurtre puisque la création littéraire a pu avoir lieu, la cohérence des titres en étant la preuve, comme dans chacun des ouvrages de Jeanne Hyvrard, des Prunes de Cythère au Fichu écarlate. Rien d’étonnant à cela, nos prédécesseurs multimillénaires le savaient bien. C’est du sang de Méduse que naît Pégase le cheval ailé symbole de l’inspiration poétique, coursier sur lequel s’enfuit le héros.

 

Mais tout cela est une reconstruction herméneutique car ce dessin de l’été 2006 a en réalité pour titre Autoportrait à la mémoire courte. Il a été obtenu par une reprise aux crayons feutre et aux pastels sur un fond plus ancien d’aquarelle et d’encre de Chine. Procédé courant chez l’auteure qui tente toujours une ultime réparation avant d’encombrer la benne à ordures de son importante production. C’est seulement dans cette deuxième version que sa chevelure a pris un volume qui à sa création n’a pas été analysé comme reptilien mais seulement comme une amélioration de l’état capillaire du sujet représenté, amélioration due à la pratique quotidienne d’un shampoing au noyer issu lui-même de l’artisanat monastique.

 

C’est sous ce nom que cette œuvre a été fournie à l’éditeur qui l’a clichée pour en faire la couverture du livre, le titre en question figurant même sur la première épreuve. L’amélioration de la maquette l’a vu disparaître. C’est que le principe de formosité – le poème lui-même - était alors à l’œuvre. Figurant sur la couverture de ce recueil de nouvelles, cet autoportrait n’avait plus besoin de cette appellation. Et pour cause ! C’est l’édition elle même qui rendait possible l’oubli. Le paquet d’horreurs lumineuses que contient l’ouvrage n’est plus alors à la charge exclusive de l’auteure mais remis à la société. A elle de savoir ce qu’elle veut en faire...

 

C’est seulement après la réalisation de cette opération sacrée qu’il est apparu à l’auteure que la mémoire courte en question était justement le mythe lui-même et son image médusante reflétée dans le revers du bouclier de la littérature, celle d’une femme enfollée d’avoir été soumise à toutes les tortures qui attendent celles qui ne se plient pas au sort qu’on leur a destiné celui d’une esclave complaisante en attendant une liquidation programmée pour cause de non rentabilité ou plus simplement encore pour le plaisir de se défouler.

 

 

 

Autoportrait à la Turque, dans les Octantes

 

 

 

Autoportrait à l'écrasement, autrefois

 

 

 

 

Autoportrait virtuel, à la fin du Vingtième Siècle

 

 

 

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Mise à jour : mai 2009