A bord du défaut de représentation
dans la sauvegarde de la langue
Jeanne
Hyvrard
1.
Aux alentours de Minuit
Au commencement déjà,
l'interdiction de deux langues.
Celle que ma grand-mère née Hyvrard
parlait avec ma mère qui faisait semblant de ne pas la comprendre alors même
qu'elles conversaient toutes les deux dans cette étrangeté sulfureuse. Et plus
étonnant encore cette chanson qu'elles chantaient toutes les deux, l'une en
français et l'autre dans ce qu'on nommait à l'époque le patois, d'un terme si
méprisant que nul ne pouvait prétendre y adhérer sans se déconsidérer. J'ai
appris bien tard, trop tard qu'il s'agissait du Savoyard, cette branche
inattendue, si je ne m'abuse, de l'occitan.
De l'autre côté du monde
pourrais-je dire, mon père parlait un argot virulent traitant des réalités avec
une brutalité telle qu'aucun masque, aucun enjolivement, aucune fioriture ne
pouvait résister dans cette crudité dont ma mère nous interdisait à tous l'emploi.
Ainsi baignions-nous ma sœur
ainée et moi dans cet environnement de double interdiction. Comment d'ailleurs
ces deux langues interdites auraient-elles pu être puisque la vérité
officielle, dogmatique, absolue était que premièrement que nous n'avions pas
d'ancêtres pas même ma mère bien trop propre pour nous avoir pondu, surtout moi
la souillon et deuxièmement que nous n'avions pas conséquence logique, de
corps, puisque nous ne pouvions pas être différentes d'elles qui en tous points
était parfaite.
A bien y réfléchir ces deux
principes découlaient l'un de l'autre, mais l'argumentation n'allait jamais si
loin. On devait parler français, et c'était tout. Je le parlais, mais j'avais
du mal à l'écrire. Si en tant qu'échappatoire, j'aimais l'école, j'avais de
mauvaises notes en grammaire et en orthographe. J'accumulais longtemps les
zéros, et dus même passer un examen pour monter de 5e en 4e (1).
Mais mon père ne m'abandonnait
pas et scientifique convaincu ne négligea pas ma formation intellectuelle, du
moins dans ce qui était autorisé aux filles, car nous ne recevions pas la même
éducation que mon frère. C'était plus que visible. C'en était humiliant. Et si
on peut parler à mon égard de conscience féministe, c'est bien là déjà qu'elle
prend racine dans cette inégalité de traitement qu'ils ne justifiaient pas
autrement, les uns et les autres que par la formule magique, mais c'est un garçon!
Mon père m'enseignait
notamment les subtilités du langage et notre activité principale lorsque nous
conversions pendant les repas, consistait à trouver le mot juste adapté à la
situation décrite. Beau joueur, lorsque c'était moi la gagnante, il l'admettait
ravi. En tant qu'écrivain, on peut dire que c'est lui qui m'a mis le pied à
l'étrier et que cette maitrise du langage dans une affirmation résolue et
conquérante, c'est à lui que je la dois. Aussi vécus-je avec lui un lien
contradictoire. Néanmoins toute ma vie il a été pour moi un soutien et son
vieillissement m'est un déchirement.
De son côté ma mère à la
mesure de ses moyens ne négligeait rien pour notre éducation. Je fus abonnée
pendant très longtemps à
Au commencement tout de même,
à l'âge de 8 ans, la tentative de prendre en main mon destin. Dans le jardin
des Batignolles, à Paris, ma ville natale (3) je lâche la main de ma grand-mère
pour me perdre volontairement, en me donnant ainsi l'occasion d'explorer le
monde pour mon propre compte. Je n'ai pas été bien loin. En larmes, terrifiée
sans doute par mon propre culot, j'ai donné très correctement mon nom et mon
adresse aux gens qui m'ont secourue et solennellement reconduite chez mes
parents dans la découverte déjà que la parole sauvait, et l'instruction et le
respect des règles de la société.
Le reste, ce fut une lecture
précoce pour échapper à mes tourments. J'ai raconté tout cela dans
Lorsque j'ai commencé à
écrire, j'avais une douzaine d'années ou peut-être treize, et ce fut avec les
trois camarades de classe dont j'étais la leadere. Il
s'agissait d'un projet de ville idéale sobrement dénommée Modeleville et qui n'a pas dépassé le premier chapitre! J'ai longtemps vu dans
l'abandon de ce travail, le signe de mon incapacité d'enfant à mener une tâche
à terme, sans à aucun moment m'étonner d'avoir si jeune entrepris une démarche
de théorisation d'une constestation que j'éprouvais
sans la ressentir, si on peut admettre cette différenciation (9). Jamais non
plus je ne me suis dit que nous ne devions pas être très nombreuses dans les
années Cinquante, à nous livrer à de telles activités.
Ce que j'appelle le défaut de
représentation qui n'est ni le mensonge, ni l'oubli, ni le déni mais
l'inexistence navrée de la catégorie mentale qui permettrait de prendre valablement
en compte une réalité néanmoins observée, peut ainsi être retrouvée dès
l'enfance et sans doute même, mais ce n'est pas le thème de cette
communication, dès la petite enfance.
Cet aveuglement m'a sauvée et
n'a pratiquement pas cessé jusqu'à aujourd'hui. C'est le terreau et le cadre
d'une contestation radicale de l'ordre établi qui s'effectue pour moi de façon
totalement pacifique, sans que j'en ai vraiment conscience et sans que dans ma
naïveté qui perdure, je comprenne pourquoi chacun et chacune d'entre nous n'en
fait pas autant. Il me faut ainsi admettre que c'est l'étonnement d'autrui
découvrant pour le pire et le meilleur ma situation qui m'en a fait prendre
conscience (10).
Les années suivantes,
j'entrepris seule cette fois d'ajouter un tome à la saga du Mouron Rouge de
Malheureusement je m'en suis
sans précaution ouverte à ma mère qui a voulu le lire. Et les lecteurs de La jeune morte (4) savent ce que cela
veut dire. J'ai préféré détruire le tout que de m'exposer à la laisser entrer
dans ce que je ne savais pas encore être mon intimité littéraire, même si au
fond de moi le maelström savait bien de quoi il s'agissait, puisqu'il avait
trouvé cette solution drastique qu'ont parfois les peuples envahis d'inonder ou
dévaster leurs terres pour les sauver.
J'ai ensuite entre 15 et 17
ans écris comme tout un chacun, du moins le croyais-je et l'ai-je cru encore
longtemps, des poèmes et des nouvelles ainsi qu'un journal tout plein de
ferveur. A part quelques poèmes tout cela a été détruit pour des raisons
diverses dont il m'apparaît aujourd'hui avec le recul qu'elles n'étaient pas
sans rapport avec l'entrave que je subissais dans la réalisation de mon
émancipation en tant que femme de lettres (12).
A l'époque rien de tout cela
n'était conscient et je n'avais aucun outil qui m'aurait permis de penser une
chose pareille, ni autour de moi de modèles, encore moins de conseils de femmes
libres ou d'artistes qui auraient pu me mettre le pied à l'étrier. Quand de
telles rencontres se sont produites j'avais déjà 28 ans et les Z'évenements de 68 (13), la maternité et les Antilles
étaient déjà passés par là…
Aussi paradoxal que cela
puisse paraître aujourd'hui, les espaces ne s'articulaient pas, et je suis
convaincue que pour la majeure partie des gens, c'est toujours le cas
aujourd'hui. Il y avait d'un côté un espace culturel public auquel on pouvait
avoir accès à condition d'en respecter les règles sociales et grammaticales, et
de l'autre une intimité personnelle qui n'avait pas droit de cité.
Il me fallut longtemps pour
admettre que la femme n'était pas un sujet, n'était pas considérée comme une
personne humaine, n'avait même pas à avoir de sentiments ou de pensées
personnelles. Néanmoins j'en fis l'expérience très tôt. Je n'ai pas cessé de
recevoir des ordres de tous les membres masculins de ma famille, de mon
entourage, plus étonnant encore des inconnus rencontrés dans la rue.
Je crois ne même pas m'être
rendue compte que l'écriture littéraire avait cessé comme je me mariai à 19 ans
parce que cet amour fut dans la jeunesse un tel enchantement qu'il draina tout
le flot créateur et lyrique dans des lettres/poèmes qui prirent la suite sans
doute de ces premiers essais d'écriture sans pourtant m'apparaître comme tels
(14).
Pourtant de-ci de-là, restent
ces traces d'un flot créateur qui ne fut jamais interrompu. En témoignent
toutes sortes d'ouvrages: des albums de dessins avec des embryons de textes,
des travaux d'aiguilles plus ou moins originaux, et surtout des tableaux, une
cinquantaine dont une bonne partie demeure en dépit d'une rage destructrice.
Parallèlement des poèmes en vers libres ont continué à se chercher, sans pour
autant être d'une qualité telle qu'il parut indispensable de tous les
conserver. (15)
Aussi fus-je terriblement
surprise par la survenue que je crus pendant des années, brutale et inattendue
d'un flot littéraire lyrique à la suite de ma troisième fausse couche spontanée
dont il fallût admettre bien que j'eus déjà une charmante petite fille, qu'elle
ruinait définitivement, dans le contexte, à tort ou à raison, les espoirs
d'avoir une progéniture nombreuse.
A l'encontre de la plupart de
mes collègues, j'ai le féminisme maternel. Certainement pas par tradition
familiale tout au contraire, mais plutôt en raison d'une affirmation de la
puissance physiologique de l'enfantement. Mes contacts avec l'Afrique Noire
traditionnelle d'avant le tourisme m'ont fait comprendre qu'il y avait une
alternative au massacre de la femme occidentale (16). Subjectivement, ma
littérature d'adulte est née de cette impossibilité, interdiction, défaite et
c'est sans doute pour cela qu'elle s'ouvre sur une scène d'accouchement, bien
que je n'en ai comme tout ce qui concerne mon processus créateur, jamais eu
conscience au moment de l'effectuer.
De toutes façons, et je l'ai
déjà raconté et écris cent fois, je n'avais aucune conscience ni projet de
faire de la littérature. Etant économiste de formation et de profession,
j'avais projet de relater l'état quasi-colonial que j'avais découvert en
enseignant deux ans aux Antilles dans lesquelles nous avions abouti parce que
mon mari préférait la coopération technique à la vie de la caserne (17). A
l'époque et peut-être encore aujourd'hui, cette réalité était totalement
ignorée de
Je fus bien étonnée quand on
m'apprit que ce texte n'était pas un rapport de Sciences Sociales comme je le
pensais, mais un roman dont on appréciait le style. Chose d'autant plus
étonnante que je ne savais même pas de quoi il s'agissait. Je me revois encore
demander à une collègue de français ce qu'était le style, on a du mal à le
croire, mais le savent ceux qui connaissent mon ignorance abyssale de la
grammaire et de l'orthographe. Les effets de style que certains prennent pour
de la littérature est l'effet secondaire heureux d'une certaine maladresse sur
fond de farouche vitalité. J'ai longtemps dit que j'écrivais à la pelleteuse et
que j'avais attaqué la littérature par la face Nord.
Assurément la découverte de
l'univers des Antilles fut un accélérateur dans la mesure où pour se rendre
compte de ce qu'on doit à son univers natal et s'en émanciper il faut l'avoir
contemplé d'ailleurs et pendant suffisamment longtemps. Outre des paysages dont
je n'avais auparavant aucune idée, des mangroves aux mornes et aux ravines en
passant par les cailles et les roches silicées, une
nature puissante, profuse et confuse et si mal utilisée (18), je découvris une
société toute autre dont personne n'était originaire, le déni profond d'un
malheur présent et la nostalgie d'une mère perdue fantasmatique.
J'enseignai à des élèves noirs
s'affirmant blancs et découvris sur le terrain du quotidien ce que pouvait être
l'aliénation (19), sans que j'en eus conscience là non plus car sans outils de
compréhension du monde comment l'aurais-je pu? Cette aliénation
là me parlait de la mienne: La femme est un homme comme les autres,
était le contrepoint souterrain de l'aliénation coloniale masquée par le
système des départements d'outre-mer. Comme la domination de la femme par
l'idéologie du couple.
Je découvris également un
autre français à l'intérieur du français. La luxuriance du vocabulaire
répondait à celle de la végétation jusque dans une tendre toponymie qui
induisait d'étranges connexions. O ces lieux-dits: Crève-Cœur, Mon Désir, Route
de
Ainsi ai-je dans mon premier
livre (publié en 1975) inventé sans douleur, sans coup férir et presque sans le
réaliser les deux premiers néologismes séquestrement et sous-développation.
Je ne sais pas comment j'en ai eu l'idée, je me souviens seulement (mais
cela est déjà bien loin) que cela m'avait paru naturel. A eux deux, ils
résument toute la recherche de mon œuvre.
Séquestrement plutôt que séquestration, afin
de marquer que le point de vue du dominant et du dominé ne sont pas les mêmes,
et que la souffrance de celui-ci, bien qu'elle lui ait été causée est tout de
même autonome. Quant à sous-développation plutôt que le traditionnel
sous-développement, il permet de traduire l'idée que cet état de choses
constaté n'est pas de toute éternité mais a bel et bien été le résultat d'une
action qui a été menée. Se pose alors la question cachée de l'auteur de cet
acte.
Notons que ces deux premiers
néologismes furent formés, comme tous les autres sans exceptions de façon
parfaitement rigoureuse et que je me suis contentée d'appliquer à la langue sa
propre logique qu'on m'avait enseigné. Si enfermement existait et
séquestration, pourquoi pas enfermation et séquestrement? Cela
une fois admis put s'étendre à tous les radicaux, déportation, déportement, résignation, résignement, consentation, consentement etc… La langue s'ouvrait infiniment, elle baillait…
Mais elle ne faisait pas que
s'ouvrir, elle introduisait aussi l'idée que la pensée efficace ne pouvait
avoir lieu qu'avec deux termes qui permettaient de saisir entre eux un
troisième. Ainsi séquestrement et
sous-développation devaient ils par la suite
fonctionner ensemble pour penser le monde en proposant des couples d'idées là
où d'habitude on ne fonctionnait qu'avec une seule. Ce sont ces deux premiers
néologismes qui m'engagèrent sur le chemin de penser ensemble, d'abord l'action
et l'état comme en témoigne les deux premiers néologismes créés, puis assez
rapidement dans la foulée, le pouvoir et l'identité. Tout cela n'est pas sans rapport
on l'aura compris, avec le statut de la femme dans notre société. J'ai bien dit
le statut et non l'essence.
Mes autres livres parus aux Editions de Minuit, (80) Mère la mort (1976), La meurtritude
(1977) Les doigts du figuier (1977) développèrent cette méthode en
explorant un univers réputé par la rumeur publique, de confusion voire de
folie, mais qui m'apparaissait à moi tout au contraire plein de logique et de
sens. Les néologismes me permirent d'en apporter la preuve et de verbaliser
grâce au lyrisme, la cohérence d'un monde interne et externe jusque là absolument bafoué.
Il fallut aller plus loin avec
la même méthode. Ne plus interchanger seulement les
suffixes en -ent
et en -ation,
mais en ouvrir l'éventail. Ainsi la séparation se trouva-t-elle bientôt nuancée
des séparement, séparage, séparitude et de la
fameuse séparance
(22) dont je me demande avec le recul si elle n'est pas la formulation
littéraire de l'attraction des corps soumis depuis le big-bang à la douleur de
la gravitation contrariée….
Sans doute la séparitude
fut-elle une remonté inconsciente quoique assurée de la négritude de Senghor
dont le halo baignait la littérature de Césaire qui a dû malgré moi m'inspirer,
mais 25 ans après il m'apparaît que cette influence n'a pas été la seule. Ce
n'est d'ailleurs que très récemment que je me suis souvenue de ces éléments de
nature à relativiser la dimension antillaise de mon opération coup de poing
linguistique.
Parmi ce que j'ai redécouvert
récemment (outre Senghor qui fit la brèche), il faudrait noter l'étude du russe
lorsque j'étais au lycée et l'amour violent que j'ai voué à cette culture dont
la grammaire tout autre me semblait mieux convenir à la représentation, au représentement
faudrait-il mieux dire, du monde. Sans la littérature russe, je serais morte.
Une place aussi devrait être
faite aux auteurs qui m'ont nourrie et que j'ai oublié, Charles Morgan, William
Faulkner et Somerset Maugham, en plus bien sur de tout ceux que je n'ai jamais oublié et qui sont presque
tous et même un peu plus que ceux à qui une jeune fille de ma génération
pouvait par elle-même accéder, Simone Weil comprise (23).
En écrivant ce texte remonte
aussi à ma mémoire le fait que ma sœur ainée germaniste avec qui j'ai partagé
longtemps la chambre, avait l'habitude d'apprendre et de répéter ses leçons à
haute voix. J'ai dû là aussi osmoser des choses dont
je n'avais ni l'idée ni la conscience, une sorte de teinture d'un savoir faire langue autrement. En tous cas dévisser et
revisser les mots ne pouvait en aucun cas me paraître indécent, puisqu'elle (la
sœur ainée) était ce qu'on me donnait en exemple de la réussite et du bon goût,
à moi le vilain petit canard malade des nerfs, ce nom couvrant les effets
drastiques des soins maternels.
Tout ce qu'il faut bien appeler
la première partie de mon œuvre déboucha ainsi sur la découverte des mécanismes
du bouc émissaire, de la grammaire cohérente des symboles, du constat de la
puissance de la littérature, plus particulièrement de la poésie et de la
dénonciation de l'oppression que subissaient les femmes, ces colonisés de
l'intérieur dont les revendications n'étaient nulle part, non seulement prises
en compte, mais au moins reconnues, contrairement à celles des minorités
raciales ou sexuelles …
La presse parisienne m'attribua
alors une identité noire antillaise (24) qu'on ne démentit pas par jeu, et
parce qu'il me semblait que c'était alors faire une sorte d'acte de littérature
au carré. Le fait qu'on puisse me croire telle à la seule lecture de mes textes
était la démonstration de la validité même de ma thèse. Il faut néanmoins pour
le comprendre, se souvenir qu'en 1975-77 la littérature n'était pas médiatisée
comme elle l'est maintenant et qu'il était possible sans qu'on s'en offusquât
ou y vit mystère, de ne pas fournir de photographies.
Je payais tout de même très
cher sur le plan personnel, cette fracassante entrée en littérature. Et si on
accueillait très bien la prétendue folle éxotique
qu'on disait près de mourir de souffrances et de confusion, je découvris assez rapidement
que le destin réel d'une parisienne hexagonale dénonçant son éviction
systématique du champ du vivant n'intéressait personne. Pire ma revendication à
être et penser comme sujet autonome reconnu(e), déclenchait une répression
féroce.
Au début des Octantes je bénéficiais donc déjà d'un commencement de mots pour le dire (25). Je parvenais à dénoncer ce qui me
tuait, mais je ne pouvais toujours pas pour autant me le représenter. Tout cela
a-t-il à voir avec l'inconscient et la prophétie
est-elle le résultat d'une expérience intégrée dans un défaut de
représentation? Certainement! Faut-il admettre que la langue précède la pensée
et comment le croire? Pourtant en ce qui me concerne, mon expérience d'écrivain
(mais non de philosophe) en est la preuve. Ainsi s'explique le fait que
lecteurs et lectrices connaissent de mon être des choses qui me demeurent
inconnues. Elles sont passées dans ma littérature sans parvenir aussi étrange
que cela puisse paraître, jusqu'à moi. L'œuvre inspirée est-elle cette étrange
dérivation?
C'est aussi sans doute parce
qu'elle se bouture des formes et pensées déjà existantes, et que le langage
nouveau racine dans celui déjà en vigueur, se contentant d'en habiter les
failles. Eduquée de façon mortifère à la passivité pour ne pas dire pire,
séquestrée à l'intérieur d'une relation incestueuse destructrice dont ma
génitrice contrôlait tous les verrous, dans un monde qui n'admettait pas
l'émancipation des femmes, interdite d'accéder aux métiers de mon choix et à
une vie libre dans un environnement masculin qui se réservait ce privilège,
comment aurais-je pu faire autrement?
La littérature a fonctionné
pour moi comme une bouteille à la mer avertissant qu'en ce cachot un corps
souffrant était enfermé et qu'il appelait à l'aide.
Cette méthode intuitive et désespérée a été efficace, puisque les liens nouées
par ce truchement m'ont permis petit à petit de corriger non seulement la
malédiction originelle dont La jeune
morte en robe de dentelle est l'écho, mais de résister à la perpétuation
des mauvais traitements de tous ordres dont on accable les femmes.
Ajoutons qu'à côté de cette
violente venue à l'écriture et de ce commencement de mots pour le dire, la
structure des livres fut pour ces premières œuvres (à l'exception des Prunes de Cythère pour laquelle c'était
bien le cadet de mes soucis) un des éléments principaux de ma créativité. Ce
n'est pas le sujet de cette communication, car le champ en serait alors trop
vaste, mais cela doit être signalé car cela a à voir avec l'invention des néologismes.
Il s'agissait dans un cas comme dans l'autre d'explorer la nouvelle forme
cybernétique à l'œuvre. Et comment s'en étonner si on se souvient que ma
première théorie-fiction (26) s'était écrite en se croyant un rapport de
Sciences Sociales sur une société dont personne n'était originaire, et qui
avait donc rompu tous les liens de la circulation du vivant?
2.
Sur le seuil
Après Le corps défunt de la comédie (Le Seuil) 1982 (80) et Le
silence et l'obscurité (Montalba) 1982 , le premier sous-titré Traité d'économie politique, et l'autre Requiem littoral pour corps polonais (13-28
Décembre 1981) je me trouvais en 1982 dans une situation nouvelle. Plus
j'avançais dans la compréhension et la dénonciation de ce qui m'opprimait tant
sur le plan personnel que social et c'est tout un (27) plus j'étais en proie à
la répression. Le mécanisme est connu de toutes les théoriciennes mais à
l'époque j'en ignorais tout Comment expliquer cette folle naïveté qui ruina
définitivement ma santé et faillit me coûter la vie? On peut retenir
l'hypothèse d'une profonde bêtise personnelle que je ne renie pas (28). Mais
comme il existe à côté cette œuvre d'avant-garde, on ne peut s'en tenir là. La
raison en est là, là encore, le défaut de représentation!
Il faut se souvenir du climat
social de l'époque. Le fond de l'air était rouge et si d'aucune (29) soutient
qu'il y a eu dans les années soixante-dix une révolution culturelle en France,
je suis prête à apporter beaucoup d'eau à son moulin. Les idées soixante-huitardes
s'étaient répandues dans la société bien au delà du
retour à l'ordre (30) et avaient conquis droit de cité. Incontestablement une
brèche s'était ouverte dans le conformisme précédent et l'existence même d'un
mouvement de femmes avec des magazines et de nombreuses publications,
permettait de ne plus être absolument et radicalement victime de la
discrimination.
L'embellie sexuelle (31)
permit de mener une vie lumineuse et l'envolée artistique de conquérir la rue.
Sur le plan politique l'arrivée du Programme Commun de gouvernement signé en
1972 entre les Socialistes et les Communistes (32) permettait de croire que les
acquis de l'émancipation des mœurs allaient être concrétisés dans les lois. En
1981-82, un certain état de grâce s'exprima par une liesse sociale qu'on peut
symboliser par l'abolition de la peine de mort qui pour les anciens
soixante-huitards pouvaient s'entendre comme l'abolition de la mort (sans doute
la vraie revendication de 68).
Comment pouvait-on imaginer
que le nouveau locataire de l'Elysée amenait avec lui pour les installer dans
les locaux de l'Etat non seulement sa femme et ses deux fils, mais également sa
concubine et leur fille? (33) Comment imaginer que cet homme chargé par cette
fraction de la société d'incarner les idéaux progressistes de la société était
encore l'ami de Bousquet, le chef de la police du Gouvernement de Vichy et le
responsable de
En en parlant avec les uns et
les autres, je suis bien obligée aujourd'hui de comprendre et d'admettre que
pendant que parallèlement à mon enseignement à plein temps dans un lycée
technique parisien et ma vie de famille relativement traditionnelle, je faisais
une œuvre littéraire d'avant garde, mes petits
camarades plus précautionneux de leurs intérêts cherchaient déjà à se placer.
Il m'a même fallu admettre, mais les historiens le préciseront que tout était
déjà joué en 1981 et que la prétendue embellie des Septantes
était déjà connotée diversement selon les groupes sociaux(35).
Si on laisse de côté les
nomenclaturistes impénitents qui de toutes façons ne cherchent que la défense
de leurs intérêts immédiats et feront carrière sous tous les régimes et dans
toutes les situations, il faut tout de même admettre qu'il y a plusieurs
catégories d'intellectuels. Ceux qui produisent des idées, vraies ou fausses
pour en faire le commerce, et ceux qui sont acculés à les former pour sauver
leur vie.
Ajoutons à cela que
l'éducation des filles de ma génération fut encore largement négligée. Outre le
fait que leur destinée et les conseils qu'on leur donnait consistaient
essentiellement à les pousser à "chercher un mari" (36), le point de
vue des hommes gouvernant la société était peut-être encore celui qu'on voit
dans Molière. Moins elles en savaient, mieux cela était (37)!
A ces causes historiques,
politiques et sociales qui n'ont pu que m'induire en erreur, il faut ajouter le
défaut de représentation qui me semble au fur et à mesure que je me retourne sur
mon histoire avoir été et être encore le facteur principal des
dysfonctionnements de tous ordres. Comment pouvais-je en pleine émancipation
personnelle sur fond d'émergence d'un régime socialo-communiste dont le
programme était: Rupture avec le capitalisme
m'imaginer que j'étais en décalage complet avec un milieu aux Antipodes de mes
préoccupations?
La méthode des anomalies (38)
aurait quand même pu me mettre la puce à l'oreille. Lors de la réduction du
temps de travail à 39 heures, accompagnée de l'augmentation de la durée des
congés payés, les professeurs furent (déjà) oubliés. Quant au matraquage
sauvage des leaders syndicaux arabes par les CRS lors des grandes grèves
consécutives à la robotisation dans les usines automobiles, elles montraient
déjà que je n'étais plus concernée. L'expérience m'a appris que le sort des
immigrés donnait le ton pour le sort des femmes, ces immigré(e)s de
l'intérieur…
Par bonheur si je peux dire,
la crise qui couvait s'est résolue d'elle-même. En 1982 je fus simultanément
atteinte d'une cancérisation du sein (maternel nourricier) et invitée à faire
une conférence à Ottawa à l'initiative de l'Association des Professeurs de
Français de l'Université Canadienne. Concomitance n'est pas causalité, mais ce
n'est pas par hasard que ces deux événements survinrent à ce moment là.
Je fus alors brutalement
soumise avant tout le monde à la révolution cybernétique globalisante qui
déferle aujourd'hui et broie tout et tous. Avec une vingtaine d'années d'avance
sur le gros de la troupe, je fus acculée à muter et à rompre avec l'humanisme européanocentrique. C'était cela ou mourir et n'ayant cessé
depuis ma naissance de défendre une vie que ma mère ne voulait pas voir
s'établir, je n'avais qu'à en quelque sorte, continuer.
3.
La nouvelle ère
Ma conférence à Ottawa me fit
selon le sens consacré de l'expression découvrir l'Amérique. Je n'en
connaissais que celle du sud ainsi que
J'y découvris également que
mes formes littéraires métaphoriques étaient parfaitement entendues en tant que
théorie d'avant-garde et qu'on considérait exactes des idées qui dans ma patrie
d'origine n'avaient même pas droit de cité. Je me trouvai de plein pied dans
une effervescence intellectuelle féconde qui me dynamisa.
Ma communication Au bord du marais fut plus que bien
accueillie, même s'il ne s'agissait que d'un début de théorisation qui me fait
sourire aujourd'hui, non par sa naïveté tout au contraire, elle était très
radicale, mais par son peu de contenu, eu égard à ce que j'ai aujourd'hui
élucidé. J'y mis en ordre néanmoins plusieurs idées fondamentales hérétiques
dans mon époque et mon pays (voire à la limite de l'incompréhensibilité) et que
je n'avais réussi à aborder et explorer que par l'intermédiaire de l'hermétisme
(39).
J'y verbalisai d'abord clairement
qu'il ne fallait pas confondre le contraire et la négation. Ainsi la mort
est-elle le contraire de la vie, mais ce n'est pas sa négation qui serait
l'inerte, on le voit bien aujourd'hui que disparaît notre niche écologique. Je
nommais même contrairation
l'alliance des contraires dont je disais qu'il fallait les penser ensemble
comme le dos et la paume de la main. et ne pas les
confondre. Je n'avais pas conscience à l'époque que je commençais à théoriser
le tiers inclus. Avec le recul, c'est néanmoins une évidence puisque je luttais
intuitivement contre mon éviction.
J'atteignis le point limite de
la pensée de l'époque en établissant qu'il ne fallait pas non plus confondre
séparer et différencier. Je théorisai là tout le thème de la séparance et de
tous ces composés, revendiquant et construisant la possibilité théorique
philosophique d'un agencement d'un autre ordre. Bien évidemment tout cela
également avait été travaillé dans les thèmes littéraires (style et métaphores)
des ouvrages précédemment parus.
C'était aussi le cas du fameux
concept ON-EN-UN décliné à satiété dans Que
se partagent encore les eaux (Ed des femmes) 1985. Il faisait non seulement
le bonheur de ma littérature, mais plus sûrement encore de mes lectures
publiques donnant lieu à toutes les modulations de la voix et rapprochant la
littérature du chant. Il a trouvé son débouché dans l'opéra La folle baisure (40) dont je suis la
librettiste.
J'étais donc objectivement et
subjectivement bien avancée quand surgit le drame. Non le cancer lui-même mais
la chimiothérapie qui m'en guérit. Si les effets secondaires d'un traitement
barbare (41) me laissèrent une invalidité dont je ne me suis jamais remise, ils
eurent aussi sur le cerveau l'effet inattendu de lever toutes les inhibitions
(42).
S'y ajoutait la cruelle mais
claire problématique d'Evariste Galois. Le temps qui me restait étant désormais
incertain, il fallait de la façon la plus efficace possible, collationner
l'état de mes recherches dont je disais en 1975 à un ami qui me questionnait de
près, qu'elles seraient au point dans trente ans. Mon histoire personnelle m'a
contrainte à légèrement accélérer (43).
C'est ainsi que Canal de
J'ai cette année-là travaillé
comme jamais pour venir à bout de ce testament métaphysique, ce Grand-Oeuvre au sens des alchimistes et qui pourtant s'arrête sur
le mot DONT… car la fin de la phrase
a disparu(44). Je ne peux pas évoquer l'écriture de ce livre qui fut un pur
bonheur sans que les larmes me viennent aux yeux. La proximité sinon
l'imminence de la mort, la liberté absolue que donne cette éventualité, me
permirent d'atteindre une nouvelle étape dans la créativité. J'en avais
d'ailleurs bien besoin car les effets chimiques des produits sur les
constructions culturelles langagières, conjugaisons et sémantique s'avérèrent
un tel désastre, qu'il fallait bien trouver un palliatif à ce cataclysme
majeur, surtout pour un écrivain.
Je repris l'Entête de Chouraqui
(45), découvrit la strophe de la création du monde babylonienne abandonnée par
La première partie du livre,
totalement abstraite dénommée Traité du
désordre constitue un traité de philosophie classique (sinon académique) en
ce sens qu'il est la monstration d'une architecture de concepts qui se
renvoient les uns aux autres dans une forme inédite et parfaite. La deuxième
partie Terra incognita
se présente comme un récit ancien style, autour de la trame du voyage de
Magellan, mon maître (51). Cette trame agrégeant toutes les Sciences Sociales
et Naturelles dans la description de la chaorganisation globalisante.
Cette deuxième partie est un
pastiche des récits des navigateurs et j'ai poussé la conscience
professionnelle jusqu'à mettre en œuvre la compilation elle-même (52). Et the
last but not the least, dans l'art de la composition, la première partie Traité du désordre est intégralement
reprise dans la deuxième, au mot près, dévoilant ainsi l'ordonnancement
théorique de la chaorganisation
à l'œuvre.
C'est peu dire que je suis
assez fière d'avoir trouvé ça et que le prix à payer ne me paraît pas avec le
recul excessif pour une pareille percée intellectuelle. On objectera avec
raison que Canal de
Dans le même temps je
continuai à écrire un traité de philosophie que je croyais académique et c'est
certainement ce que je peux faire de plus près de cette forme, à l'exception de
ce type de communications, aujourd'hui nombreuses. Ecrite par fragments, la
forme a cette fois là seulement, été conçue a priori,
alors que pour les autres livres, je n'ai pu que la constater a posteriori une
fois l'œuvre achevé (53). Comme si l'objet même de la création du livre était
une enquête quête de la forme (54).
L'hypothèse d'une récidive
métastasique ne rendait pas caduque la problématique du temps qui me restait et
je voulais que le livre fut en état d'être publié quel qu'en soit son état
d'avancement (55). La pensée corps est
donc mon testament intellectuel, mon opus major (56).Il s'agissait là de la
création d'un dictionnaire pour faire le point de ce qui avait déjà été inventé
et théorisé tant en matière de néologismes que de concepts et d'idées
nouvelles, les uns n'allant pas sans les autres.
Je voulais donner des
définitions suffisamment orthodoxes pour qu'elles puissent s'intégrer au corpus
en vigueur. L'originalité de cette oeuvre (mis à part
évidemment son contenu synthétisant les innovations précédentes) c'est la
forme. Elle établit tous les liens possibles entre les concepts et les encepts qui sont
les miens, néologismes compris, pour permettre à chaque lecteur-trice de se faire son propre itinéraire à l'intérieur même
de cette pensée dans laquelle on peut entrer n'importe où, sans refaire jamais
deux fois le même itinéraire. C'est ce qui en fait la difficulté, mais aussi la
plénitude.
La mise en ordre de cette pensée femme au sens de l'architecture
indispensable pour me concevoir en tant que sujet femme et donner forme à mon
expérience d'aliénée et de possédée (57) impliqua la création plus rigoureuse
que jamais des notions d'être-lieu, d'être-en-soi et de logarchie, la
pièce maitresse du dispositif qui me vint, aller savoir pourquoi lors d'un
voyage en Crète (1985) lors de la vaine quête de l'homme taureau (58). Je
tentais d'intégrer cette notion au Canal
de
Achevée en 1987 après mon
voyage au Chili, La pensée corps fut
publiée en 1989, date de l'ouverture du sceau. Il porte en exergue ce pastiche
de Descartes: Ca pense, jon suis qui fait néologisme à lui tout seul tant par
le fond que par la forme. Ce jon peut tout aussi
bien se comprendre comme l'individuation insuffisamment réalisée parce qu'on a
été tenu malgré soi (ou avec soi) dans le statut d'être-lieu ou bien au contraire comme l'établissement d'une
formule néototalitaire, néopronom
qui résulterait d'un lien incestueux entre une Grande-Toute télévisuelle
qui fonctionnerait comme une Grande
Logicielle formatant la biomasse des télé-spectateurs.
Il faut admettre alors qu'à ce
degré là, le néologisme débouche sur une révolution ontologique.
Aujourd'hui je le sais mais à cette époque, je n'en avais que l'intuition. Dans
sa conception et son écriture La pensée
corps n'était pas un ouvrage annonçant le futur, mais plutôt une
dénonciation d'un ordre précédent, celui de la logarchie. C'est ainsi que je nommais l'ordre du monde dans lequel le ou la logarque
s'arrogeait pour lui seul le droit d'être un individu, fiction qu'il ne
parvenait à faire fonctionner qu'en projetant sur un ou une être-lieu la mémoire de sa mère. Ainsi
obligeait-il cet(te) acolyte à rester dans le magma tout en ayant lui-même les coudées franches.
Je précisai bien et (j'y
tiens) qu'on n'est pas logarque
ou être-lieu, ni en raison de son sexe, ni de façon intrinsèque, mais en
fonction de la situation qui peut (dans un contexte différent) être différente.
A partir de là, je mis en ordre toute une ontochaïe, ombre noire de l'ontologie en vigueur. Elle permettait de donner
des bases scientifiques à la bouc-émission. Je théorisai enfin ce que
j'explorai depuis le commencement de mon écriture, et peut-être même ce dont je
souffrais depuis le commencement de ma vie.
J'ai effectué entre 1982 et
1994 sept voyages de VRP de la pensée française dans les deux Amériques. Non
seulement l'ampleur de la révolution cybernétique ne m'a pas échappée, mais ma
formation et ma profession (encore aujourd'hui) d'économiste n'ont pas cessé
d'accompagner ce travail littéraire, d'une recherche économique free lance. Je dirai même qu'il faut inverser les facteurs
et que mon activité principale a été la recherche économique. C'est parce que
les méthodes en vigueur ne me permettaient pas de prendre en compte la réalité
que j'observai, que j'ai été acculé à la création de concepts nouveaux et à la
nécessité pratique de les nommer d'où la littérature.
On ne s'étonnera pas alors de
voir mon travail philosophique et littéraire jalonnés d'articles et
communications d'économiste. Monique Saigal (59) va
jusqu'à dire que mon œuvre toute entière est un traité d'économie politique et désormais
j'en suis convaincue. Il n'empêche que certaines communications le furent
consciemment et dans une volonté de critique de l'orthodoxie en vigueur.
Ainsi à partir de la mi-Octantes mis-je peu à peu à jour dans une série d'articles
dont notamment le Géonomy
publié à Harvard (Est-ce un hasard?) l'idée que les rapports entre l'homme masculin (60) et sa mère la terre, était une logarchie économique répétant en
grand le modèle de l'homme masculin et de sa femme… la prédation/extermination
étant bien la même. J'eus bientôt l'idée qu'il en était de même pour la logarchie
politique dénommée démocratie et sans doute aussi pour le Droit (61). La logarchie
m'apparut alors comme le principe d'ordonnancement occidental du monde.
Tout cela était déjà bien sûr
dans Les Prunes de Cythère dans la
mesure où ce livre dénonçait le système colonial imposé aux pays dominés et aux
femmes. Mais outre le fait que cela était enfin théorisé dans les formes
franco-françaises, cela n'avait pas ici été entendu comme tel, le féminisme
français n'ayant jamais été très puissant…
Les choses se mirent de plus
en plus en ordre grâce à des communications telles que De la littérature à la philosophie, y-a-t-il une pensée femme? Et Ce que la littérature des femmes peut
apporter aux sciences, toutes les deux prononcées en 1987 en Amérique du
Sud. En 1988 invitée à Victoria en Colombie Britannique sur
Fallut-il tout cela pour
pouvoir en 1989 écrire pour la première un livre directement et intégralement
au traitement de texte, certainement! La
jeune morte en robe de dentelle survint sans crier gare et fut de tous et
de loin le livre le plus facile à écrire. Je ne le sentis même pas passer. Sans
doute parce qu'il avait mûri depuis le commencement et reprenait de façon enfin
ordonnancée le drame des Prunes de
Cythère (62)
La
jeune morte en robe de dentelle, précis de grammaire nazi
s'écrit l'année même de l'ouverture du mur de Berlin. Les deux événements sont
apparemment sans rapport. Constitué de petits textes dont les thèmes se
reprennent, il décrit les rapports d'une mère et de sa fille. La mère étouffe
complètement sa fille et veut la transformer en poupée/prothèse dont elle a
seule l'usage. La fille est comme expropriée d'elle-même.
Dans ce livre, le vocable CA/LA apparaît comme le lieu où la mère
porte la main pour assurer son emprise, ce n'est pas alors un néologisme
présenté comme tel, mais une simple formulation littéraire, si je peux utiliser
ce terme étant donné le fonctionnement de ma création. C'est par là suite seulement que ce CA/LA est devenu un néologisme autonome pour nommer le point de
projection de la mère de l'être-en-soi sur l'être-lieu.
Une fois écrit et publié, ce
texte majeur (à n'en garder qu'un ce serait celui là)
m'est apparu au delà des rapports de la mère et de la
fille, décrire tout aussi bien les rapports entre
Ce en quoi j'ai eu tort et qui
m'a montré que toute d'avant garde que j'étais dans
les constructions intellectuelles, l'avancée des évènements historiques me
damait quand même le pion. La newcité (64) série d'articles théoriques, décoda de
façon plus traditionnelle les bouleversements globalitaires à l'œuvre et le
ravalement de la matière humaine au rang de capital humain (65). Assurément
Je commençais dès la fin de La jeune morte en robe de dentelle un
autre livre toujours en cours aujourd'hui Rose
prends garde au jardinier tentative de reconstruire tout autrement le
système de la représentation à partir d'un point de vue qui aurait rompu avec
la logarchie
et qui substituerait la sévration, à la séparation, mettant enfin fin à
la douleur de la séparance.
Dans ce nouveau système de
représentation, l'être femme pourrait se penser comme sujet pour son propre
compte parce qu'il n'y aurait plus besoin de se débarrasser de la mémoire de la
mère en la projetant sur un être-lieu pour s'assurer pour soi seul la
possibilité d'être un être-en-soi.
La dévoration ne serait plus alors le principe fondateur de la vie économique.
La guerre du Golfe en
Janvier/Février 1991 produisit l'ouvrage le plus étrange et le plus excitant
qu'il m'ait été donné d'entrevoir, sinon de réaliser, car écrit pendant les
bombardements américains sur l'Irak, il a cessé avec eux et n'a jamais pu
reprendre. J'ai dû me résoudre à le jeter inachevé. Ce livre était ce que (si
j'avais pu le mener à terme) aurais pensé et écrit de plus intelligent. De quoi
s'agissait-il?
Le dernier dimanche de la
paix, trois jours avant la déclaration de la guerre qui apparaissait à tort ou à
raison à l'époque comme le déclenchement d'une guerre mondiale (66) et
consciente de l'ampleur de l'événement j'avais le matin même fait une promenade
dans le parc de Versailles et l'après-midi assisté à une représentation au
Théâtre de l'Atelier du Maitre de Go…tiré
d'un livre de Kawabata (67). J'ai
toujours eu horreur des adaptations théâtrales avec le raisonnement un peu
borné que si l'auteur avait voulu écrire une pièce de théâtre il l'aurait fait
(68).
Néanmoins à la guerre comme à
la guerre, il n'y avait guère d''autre choix. Cette représentation théâtrale
fut une vraie fête des yeux de la tête et du cœur. Il n'y eut qu'une seule
fausse note une réplique (69) au sujet de laquelle je me suis fait la réflexion
que cette idée allait à contre-courant et ne pouvait pas être dans le roman de
Kawabata car elle en détruisait la cohérence… Je me fis le pari à moi même que
si ce que j'avais pressenti était vrai, (donc une idée tordue rajoutée par
l'adaptateur au mépris de l'auteur), j'écrirais un livre sur ce sujet.
Le lundi matin, j'ai acheté et
lu Le maitre ou le tournoi de go
roman de Kawabata et ai constaté avec la jubilation qu'on imagine avoir eu
raison. Je me mis au travail et commençai la rédaction de Vous qui prenez sur vous l'ordre du monde. Ce livre était dédié
"Aux guerriers, aux acteurs".
En s'appuyant sur la différence du système de représentation de la mère dans
l'univers mental japonais et occidentalo-logarchique,
il explorait le déplacement pour l'adaptation de la méthode de représentation
entre le théâtre et l'audiovisuel, le passage du monde du HORS (la logarchie
théâtrale qui se défausse sur l'acteur bouc émissaire investi du rôle) au monde
du EN dans lequel cette formule n'est plus possible.
J'écrivais ainsi tout les matins mêlant la guerre télévisée (une première
partie) à cette adaptation théâtrale (deuxième partie). Malheureusement (si
j'ose dire), une fois la guerre finie le livre s'arrêta pile et ne reprit
jamais en dépit de mes efforts pour le terminer. Ne déplorons pas trop sa perte
car si c'était incontestablement ce que j'avais écrit de plus intelligent, il
n'aurait guère eu de lecteur en raison de la complexité de la forme, laquelle
faisait apparaître Canal de
La guerre finie je trouvai
enfin la force créatrice de terminer Ton
nom de végétal (Ed Trois) 1999
commencé huit années auparavant. Sans doute la substance de Vous qui prenez sur vous l'ordre du monde,
aux guerriers, aux acteurs est elle passée toute
entière dans ce volumineux pavé qui en fin de compte, tout autrement, traite de
la même chose. Le bouleversement de la représentation dans un essai fiction qui
comprend cinq parties Génération, Récit,
Paradis-fiction, Roman et Contemplation.
Mis à part mon bataclan
littéraire habituel poussé là aux extrêmes limites du littérairement correct (70) on y trouve l'émergence de THIN et de l'emprésentation. Thin est le
corolaire de Jon en tant que nouveau
pronom prenant en compte la nouvelle ontologie. Une contraction de THEY et IN
pour nommer la biomasse décérébrée pour autant qu'elle est perçue du point de
vue de
Quant à l'empresentation, c'est le nouveau système de
représentation/représentement quand il ne peut plus
se tenir en projetant HORS du sujet ce qu'il faut se représenter, mais tout au
contraire que cette projection doit avoir lieu EN un monde global dans lequel
il n'y a plus d'ailleurs, d'extérieur, de distance, ni finalement d'autre.
Difficile pour le moment d'aller plus loin dans la théorisation qui passe là
par ce que j'ai appelé un essai-fiction en
forme de retable selon Jennifer Waelti-Walters (71).
Ecrivant tout cela, je n'avais
pas bien sûr encore conscience de la nouvelle forme atteinte que je décris
pourtant dans ma communication de
De même que celle-ci inventant
l'humanisme moderne mît l'être humain masculin au centre de la création, et je
m'étonne qu'on ne se soit jamais étonnée du mot Renaissance pour nommer cette
période d'évacuation du féminin (73),
Le système logarchique s'effondre, non pas
parce que l'être-lieu a réussi à
s'émanciper, encore qu'on pourrait considérer les luttes des minorités dans
cette perspective de démocratisation généralisée (75), mais pour des raisons de
progrès technique. L'un n'empêchant pas l'autre.
Ainsi avec le recul, mon œuvre
m'apparaît-elle tout autrement. Là où j'avais crû
dénoncer le système existant et l'oppression/liquidation qu'il me faisait subir
en tant que femme et en tant qu'être-lieu
fusionnaire, je découvre aujourd'hui une
construction philosophique émancipatrice de la logique européenne. Le nouveau
monde est à l'œuvre plus que jamais, c'est bien
Le mythe de Magellan trouvant
le passage de TOUS LES SAINTS le jour de
En fuite et pourchassée, la
matière vivante tenter de s'établir ailleurs, de se rétablir, mais rien ne
prouve que cela soit possible, si sa niche écologique est détruite par la grande
machinerie à l'œuvre et l'apparition
d'une espèce post-humaine qui se reproduit autrement que
par les voies naturelles (79) C'est ce que raconte Au présage de la mienne (Le loup de Gouttière) Minotaure en habit
d'Arlequin et Le marchoir (L'Harmattan)
Grand choix de couteaux à l'intérieur (Vent d'Ouest) jusqu'aux recueils de
poèmes Resserres à louer (An Amzer) et Les
poèmes de
Tous ces livres adoptent des
formes nouvelles d'errances et de labyrinthes que n'avaient pas les précédents.
Que faut il en déduire? Que
soumise à des conditions inhumaines (81) chassée de moi-même, excentrée en
proie plus que jamais à un ordre cannibale qui comme à d'autres époques
sinistres de l'histoire considère que tout est permis, je n'ai plus du tout
d'endroit pour être. Cet ordre à l'œuvre, ce chaos meurtrier devrais-je dire
rappelle l'increvable totalitarisme. Je
sais depuis toujours que c'est bien de cela qu’il s'agit. Cellla.
On s'est étonné de voir
l'ancienne Russie résurger hors des décombres de ce
qui n'avait été alors qu'une longue glaciation croyait on.
Analyse superficielle! Les lettres de Custine relatant son voyage en Russie
dénoncent déjà des tares qu'on a attribuées au régime communiste alors qu'elle
le précédait largement. La bureaucratie, l'obéissance aveugle, l'absurdité etc…
De la même façon le
totalitarisme globalitaire, le techno-publicisme qui émerge aujourd'hui n'est pas la résurgence
des totalitarismes de l'époque précédente qui les aurait simplement gelés bien
qu'il entretient avec eux de curieuses connivences. C'est bien plutôt qu'ils
prennent tous les uns et les autres, appui sur la mémoire refoulée de la mère.
Cela, c'est ce que je me suis depuis toujours efforcée de penser.
Fabriquer des outils pour
penser le lien à la mère, le continent noir délaissé y compris par la
psychanalyse elle-même, c'est cela l'objet de ma recherche et vers quoi
converge comme autant de chemins d'approche, mes si nombreux néologismes (82).
Et quand cela en raison de l'histoire devient monstrueux, c'est CA/LA, CELLA,
CELLLLA qui enfle démesurément.
Pas tout à fait, car chacun le
sait… une cella ce n'est pas
seulement la mère latine de la cellule, celle qui biologiquement nous construit
et nous incarcère dans une étrange opposition, mais avant tout la petite pièce
du temple dans laquelle on enferme et on protège pour l'offrir à la vénération
la statue… de la dieue?
(83)
NOTES
(1) Dans les années Cinquante;
on ne plaisantait pas avec l'Instruction. On passait déjà un examen pour entrer
en 6e, et on pouvait en repasser d'une année sur l'autre dans les matières
faibles. Mon cursus peut donner à espérer à tous les mauvais élèves en
"Français", les choses se sont améliorées en Seconde.…
(2) La première pièce que je
vis à l'âge de 9 ans, fut On ne badine
pas avec l'amour de Musset. Je n'y compris pas tout. Mais cela ne m'empêcha
pas de la raconter à mes petites camarades le lendemain dans la cour de
récréation de l'école communale de la rue des Moines (Paris 17e). J'appris
rapidement l'expression Jeune Premier
qui me parût bizarre et confirma le soupçon que j'avais déjà envers la langue.
Quant aux Matinées qui avaient lieu l'après-midi,
je n'en suis pas encore revenue. Passons sur les Couturière, Générale, Cintres, Cour, Jardin, Baignoires, Orchestre et
Poulailler tous ces termes dont pas
un n'avait son sens courant… Georges Descrières dans
le rôle de Perdican, focalisa longtemps mon amour du
théâtre, et mon amour tout court. Comme ayant déjà publié plusieurs livres, je
le lui écrivis, il ne me répondit pas. J'en éprouvai beaucoup de tristesse mais
n'en tirai aucune conclusion hâtive sur la distanciation théâtrale.
(3) Née à Paris de parents
eux-mêmes nés à Paris, cette ville est mon village. J'y ai à trois ans près,
toujours habité et les trois quarts du temps dans le 17e arrondissement. J'y
suis plus que profondément attachée.
(4) Editions des Femmes: 6 Rue
de Mézières 75006 Paris
Editions Voix: Richard Meier
35 Rue de
(5) Je ne l'ai eu qu'à l'âge
de 35 ans, et encore me l'a-t-on imposée. Je la fuis plus que jamais.
(6) Dans le monde d'avant Mai
1968 qui fut la cause d'une absolue révolution des mœurs, la virginité était
alors pour les filles une obligation sociale confortée par l'absence de
contraception. Les filles-mères étaient exclues de la société. Là aussi, on est
étonné(es) d'entendre les femmes d'Afrique du Nord faire des récits d'enfermement
dans lesquels nous reconnaissons nos expériences de filles.
(7) Je vis ainsi mon auguste
paternel remonter un ou deux cartons et déployer devant nos yeux ébahis Balzac
et Stendhal. J'étais médusée du prodige, car je ne soupçonnais pas que nos
sous-sols recelassent de pareils gisements. Ma sœur ainée faisait la tête, car
elle trouvait que la levée simultanée de la censure pour nous deux était la
négation de son privilège d'antériorité. Mais elle oubliait qu'elle n'avait pas
comme moi, lu in extenso Les Misérables
quatre fois de suite avant l'âge de 12 ans, ni non plus rigolé doucement en
entendant notre géniteur m'interdire Marion
de Lorme, que je ne faisais que relire… J'ai ainsi dévoré tout ce qui me
tombait sous la main. Je lisais in extenso les auteurs au programme sans me
contenter des petits résumés de nos divers manuels. J'ai écumé la bibliothèque
du lycée, poursuivant avec celle de l'arrondissement. Le livre de poche
m'apporta un fier salut. Je m'étonne encore aujourd'hui d'avoir consacré
l'argent que ma grand-mère paternelle me donna pour mes dix-sept ou dix-huit à
l'achat du théâtre d'Euripide dans
(8) J'ai pendant des années
racheté chez les bouquinistes les livres de la collection Nelson qui m'avaient
enchantée enfant. J'ai mis du temps à reconstituer les plus de 50 volumes des
œuvres de Victor Hugo, mais, c'est fait.
(9) Une autobiographie
psychiatrique pourrait se pencher sur ce genre d'inconscience qui doit avoir
maille à rejoindre avec la nécessité d'oublier les transgressions dont le
souvenir serait trop lourd à porter. Ma grand-mère paternelle conseillait de ne
pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Ai-je appliqué cette sage règle à
la personnalité, en faisant la part du feu, pour permettre à au moins une
partie de moi d'aller de l'avant au mépris des dangers et représailles, qui
commencèrent tôt?
(10) Et du même coup des
particularités de la société française dans laquelle les femmes sont interdites
de parole autrement que comme objets sexuels, alors que ce pays se croit à
l'extrême pointe des avancées sociales…
(11) Un des mobiles de
l'écriture est-il le sentiment d'isolement qu'on éprouve à ne pas trouver en
matière d'idées, chaussure à son pied? C'est ainsi que j'ai construit tout un
système philosophique comprenant une langue, au sens où on dit désormais les
français, pour prendre en compte le québécois et le sénégalais.
(12) Pour autant que je m'en
souvienne, mais cela date maintenant de quarante ans, ces nouvelles traitaient
d'événements humains et sociaux observés et étaient de facture classique, sans
doute comme une partie de celles publiées dans le recueil Auditions musicales certains soirs d'été (Des femmes). La seule qui
ait échappé à la destruction parce que confiée à un tiers ne m'a pas parue à la
relecture à l'âge adulte être un chef d'œuvre immarcescible. Je regrette par
contre la perte de mon journal d'adolescence, car sans doute tout y était déjà
en germe. Je l'ai détruit en Mai 68 craignant qu'on y trouve la preuve de mes
opinions radicales…
(13) Ils furent dans ma vie un
élément décisif. Je n'ai pas participé au mouvement du Quartier Latin que j'ai
trouvé plutôt tarte mais au Comité d'Action du quartier (Les Abbesses)
socialement et professionnellement mêlés puisqu'on y trouvait des ouvriers de
chez Renault, un fils de teinturier, des étudiants, et ce que j'appelle les
intellectuels singuliers, c'est à dire ceux qui ne se réclament que
d'eux-mêmes, mais pleinement. Par ailleurs l'histoire du Mouvement de 68 reste
à faire, car il m'a semblé passé à la trappe un peu rapidement.
(14) Il ne s'agit pas du mentir-vrai des amours littéraires mis
en scène, mais de comprendre que c'est la même pulsion vitale qui tout au long
de ma vie m'a poussée à l'amour et à l'écriture. Deux formes de lutte
physiologique pratiquée par un organisme en péril, tentant par tous les moyens
de se propager.
(15) Si certains méritaient
bien leur sort, ce n'était pas le cas de tous et je regrette la perte de
certains. J'ai toujours jeté avec autant de conviction que je produisais.
Habituée moi-même à être jetée, je n'ai jamais eu la tête enflée de mes œuvres.
On peut y voir, outre les raisons objectives, l'origine de mon peu
d'empressement à la socialisation de mes productions. J'ai toujours pensé que
les œuvres détruites revenaient autrement dans les suivantes, mais je ne suis
plus sûre aujourd'hui d'avoir raison. Sans doute est-ce un effet de l'âge… En
tous cas c'est une ascèse qui protège de l'avarice et de l'autosatisfaction. On
peut pratiquer ainsi une sorte de kippour des œuvres et des objets, un
inventaire général de l'Oeuvre. Chaque élément devant
être justifié dans sa nécessité de perdurer.
(16) Ce voyage au Mali en 1967
fut l'un des événements dont j'ai l'habitude de dire qu'ils m'ont tout donné.
Cette expression signifie alors la possibilité de se refonder sur des bases
nouvelles intégrant des éléments culturels nouveaux. Dans ces régions où les
Blancs n'étaient pas encore si fréquents, nous fûmes traités comme des hôtes
royaux. J'y découvris des corps de femmes libres, puissants et généreusement parturiant en accord avec la puissance de la nature, les
objets et les rites. Le moindre petit banc sculpté y racontait l'histoire du
monde. La découverte des Dogons fut un enchantement absolu.
(17) C'était la règle chez les
étudiants. A cette époque, ce choix était connoté comme progressiste et
tiers-mondiste. Néanmoins, je m'étonne et m'émeus de retrouver dans mes
souvenirs de fréquents déjeuners au Mess des Officiers de Fort Tartenson à Fort de France. Est-ce d'y sentir et/ou d'y
imaginer un petit fumet d'Humphrey Bogart?
(18) Les fruits poussaient
partout, notamment les fruits à pain fournissant l'équivalent des pommes de
terre qu'on importait au prix d'échanges commerciaux désavantageux. Il en était
de même du poisson surgelé qui concurrençait bêtement les pêcheurs artisanaux
de l'une des mers les plus poissonneuses du globe.
(19) Tout ceci a été très bien
décrit par le psychiatre Frantz Fanon dans
Peau noire, masques blancs (1952).
(20) Le Il ou Elle remplaçait le vous et créait des désaxages de points
de vue. Car si cette forme ancienne peut être pertinente quand il s'agit d'une
majesté au milieu de son décorum, dans la vie quotidienne, c'est une autre
histoire….
(21) Auteur notamment des Cahier d'un retour au pays natal (1939)
qui rompait radicalement avec le mythe des tropiques enchanteurs pour voyageur
en mal d'exotisme et ce, bien avant les Tristes
Tropiques de Lévi-Strauss.
(22) C'est le leitmotiv de toute
la première partie de mon œuvre. Prémisse d'une douleur aujourd'hui davantage
politisée parce que plus radicale, celle de l'exclusion en cours.
(23) Alain Finkielkraut à
France-Culture a récemment abondamment expliqué que dans les années soixante,
personne n'avait entendu parler de Simone Weil, que cela était impossible à
l'époque et qu'il venait juste de la découvrir… Néanmoins on en parlait l'année
scolaire 1961-62 au Lycée Hélène Boucher. Il est vrai que ce n'était qu'un
Lycée de filles…
(24) Cette légende perdure
de-ci de-là… Paraissent dans les anthologies, les manuels et les encyclopédies
régulièrement des textes qui me présentent encore ainsi. Marlon Brando dit que
l'acteur ne sait pas toujours lorsqu'il tourne un film, le mythe qu'il va
créer. L'auteur en écrivant, sans doute encore bien moins. C'est pour cela que
l'inconscient est inconscient, parce qu'il est interdit de séjour pour des
raisons pratiques ou d'ordre public…
(25) Selon l'expression-titre de
Marie Cardinal. C'est depuis, dans le milieu, devenu un vrai concept.
(26) Banal en Amérique, ce
genre mélangé est inconnu en France. Je le définis comme un essai philosophique
qui se présente comme un roman. Ce fut avec sa critique, la voie royale du mouvement
transatlantique qui pour le compte des femmes, poursuivit jusqu'à aujourd'hui
la brèche réalisée en 1968.
(27) Il n'y a pas en France
moyen de faire comprendre cela! Toute critique politique de la vie privée de
nos surhommes, déclenche de telles représailles qu'on hésite à récidiver. Nos
petits camarades ne peuvent être que d'éminents progressistes dans tous les
aspects de leur vie. C'est plus qu'une présomption irréfragable, c'est un
dogme.
(28) Je l'assimile à celle de
Mireille Mathieu dont beaucoup se moquent mais qui finit quand même par
émouvoir à cause même du décalage dû à son absence de malice. Je dis
quelquefois que je suis
(29) Ieme
van der Poel: Une
révolution de la pensée Rodopi 1992.
(30) Obtenu par l'action
conjointe du Parti Communiste d'obédience stalinienne freinant le mouvement, le
retour miraculeux de l'essence dans les stations service
la veille du week-end de Pentecôte après plusieurs semaines de grève générale,
et la dissolution de l'Assemblée Nationale pour renvoyer dans l'esprit des
Institutions, les députés devant leurs électeurs.
(31) Le film culte de cette
époque, Les Valseuses sauf erreur de
Bertrand Blier incarna pour moi pendant des années la libération sexuelle et
j'en gardais un souvenir charmant. Malheureusement en le revoyant récemment à
la télévision, je fus épouvantée de découvrir qu'y étaient déjà à l'œuvre les
germes de mort qui ont triomphé aujourd'hui de l'élan vital, transformant la
libération en libéralisation de la femme, sur le modèle de celle du transport
aérien, et la société en bordel obligatoire, couvrant la ville d'affiches qui
saturent l'imaginaire de simulacres.
(32) Ce Programme Commun
permettait d'envisager la fin de la division née en 1920 du Congrès de Tours et
d'envisager autrement la vie politique franco-française. Les lendemains qui
chantaient plus ou moins depuis 1945, pouvaient cette fois espérer aboutir à
une vraie réforme sociale dont on sentait vraiment le besoin.
(33) Ce n'est pas la
quasi-bigamie de François Mitterrand qui pose problème. C'est qu'il l'ait
cachée à la fraction du corps social pour laquelle il incarnait l'émancipation
(particulièrement celle des femmes) et qu'il les ait entretenues aux frais du
contribuable dont ce n'est pas la vocation principale. Enfin qu'il ait confondu
la réalité politique avec l'assouvissement de ses fantasmes personnels, donnant
à la société française la tournure inquiétante qu'elle révèle aujourd'hui. Ceci
sans évoquer les aspects financiers de l'affaire dont la presse se fait tous
les jours l'écho dans la chronique judiciaire, ni non plus l'attitude complice
de la caste médiatico-politique qui tout en étant au
courant, se gardait bien d'en informer les citoyens…
(34) Les 16 et 17 Juillet
1942, 12 884 juifs parisiens furent arrêtés par les policiers français et
concentrés, malades, vieillards et nourrissons compris au Vélodrome d'Hiver
(Métro Bir-Hakeim), avant d'être déportés pour y être
assassinés à Auschwitz. Ces horreurs et quelques autres restèrent cachées à ma
génération jusqu'en 1969 où le documentaire historique de Max Ophuls Le chagrin et la pitié nous révéla
l'ampleur de
(35) Voir le film
(36) Ce qui était d'autant
plus difficile qu'on n'avait pas le droit de sortir….
(37) Aujourd'hui encore je
suis handicapée par toutes sortes d'ignorances pratiques quotidiennes,
découvrant avec humiliation que ce n'est pas le cas de mes homologues
masculins. Je me souviens avoir entendu un enfant de harki se plaindre qu'on
les ait laissés pourrir dans des camps sans rien leur apprendre et que cela
rendait difficile leur intégration….
(38) Cette méthode consiste à
creuser ce qui paraît des anomalies au lieu de les laisser de côté ou de les
maquiller. C'est ainsi que j'ai découvert les deux ou trois points de passage
dans
(39) Cet hermétisme a été
rendu nécessaire par prudence, car il y a vingt-cinq ans le scientisme féroce
qui régnait n'admettait aucune critique. Et pas beaucoup aujourd'hui même si
vache folle et marée noire permettent de mettre en doute le dogme du progrès
interrompu des techno-sciences. J'ai depuis,
découvert que la tradition hermétique parcourt de façon souterraine l'ensemble
de l'histoire de l'Occident, sans doute pour les mêmes raisons.
(40) Adaptée de La baisure (Ed des Femmes). Musique
Murielle Lucie Clément.
(41) Je suis convaincue
d'avoir servie de cobaye pour des traitements expérimentaux, mais comment le
prouver?
(42) Les bouleversement
psychiques et culturels consécutifs à ces produits chimiques n'ont été ni
écoutés ni compris par personne, et ils sont encore aujourd'hui pour moi
l'objet d'une terreur inouïe. Si j'ai pu en surmonter certains ce n'est pas le
cas de tous et ma vie en est encore lourdement invalidée presque vingt ans
après.
(43) Voir ma communication A bord de l'innommable publiée dans L'écrivain et la solitude à l'Hexagone.
(44) La phrase effacée est dont le chant imite celui des autres….
(45) André Chouraqui
dans sa nouvelle traduction de
(46) De son côté Cornélius Castoriadis a donné une formulation mathématique du même
concept, auquel il a donné le même nom!
(47) L'ordre est un ensemble
de règles imposées par le dominant pour son compte et dans son intérêt, alors
que l'organisation est le chaos, l'effort de chaque vie de combattre pour son
compte. Dans le langage concentrationnaire, organiser veut dire voler,
l'organisation c'est la jungle pour le meilleur et pour le pire.
(48) Toutes ces définitions
sont dans La pensée corps (Des Femmes) et
bien d'autres. L'encept
est notamment le concept ouvert reprenant les concepts voisins qui lui ont
donné naissance, et il forme avec eux une constellation. Si le concept a un
nom, l'encept
en est les prémisses. Par exemple si l'enfant est un concept, l'encept
reprendra l'enfant avec sa mère, c'est à dire son histoire, sa mémoire et son
sacré. Il se pense en termes de liens. L'enception est à la conception ce que l'encept est
au concept. Elle encercle sans rigueur ni rigidité des concepts en voie de
constitution. Quant à la chaïque elle est la logique du chaos, elle est
à la logique ce que le chaos est au logos, son ombre noire. Enfin la biochaïe est aujourd'hui ce grand mêlement désordonné de la matière vivante artificiellement
manipulée. Quant à la chaorganisation
c'est sous l'apparent désordre ambiant, l'intégration croissante de la matière
vivante planétaire, historiquement parlant.
(49) Certaines femmes médecins
hospitaliers conviennent en privé du caractère concentrationnaire de celui-ci.
(50) Avec l'accouchement….
d'avant la péridurale…
(51) Il montra sur le terrain
ce que d'autres s'efforçaient de démontrer, la rotondité de la terre. Je fais
de même avec l'existence de la deuxième moitié de la raison. Non une
irrationalité qui nierait celle des Lumières, mais un cadre plus vaste dans
lequel s'inscrit en tant que partie, la logique déjà en vigueur.
(52) On se moque de la manie
des thèses universitaires qui exigent la compilation du travail des
prédécesseurs. On a tort car cette activité est indispensable à la connaissance
et c'est de plus un rite d'humilité. Pas de connaissance humaine sans déjà ce
modeste empilement.
(53) J'ai souvent rêvé par ce
moyen d'établir une sorte d'inventaire général des formes possibles
envisageables et imaginables pour montrer combien l'orthodoxie en vigueur est
pauvre à côté de toutes les nombreuses possibilités culturelles dont le modèle
se trouve dans la végétation, cette rêverie de la terre.
(54) Mes derniers livres sont sur
le modèle du labyrinthe. Est-ce de tant errer en attendant le nouveau Thésée?
Cette vache folle qui nous menace a – t - elle à voir
avec le Minotaure?
(55) Demeure intacte la
question du dernier livre. Je ne désespère pas d'y trouver une réponse. Il est
en cours, il est manuscrit, et il s'appelle La
cérémonie. Il peut être interrompu n'importe quand. Le plus tard sera le
mieux. Un livre au chevet est-il un livre de chevet? Charon l'accepterait-il
pour le prix du passage?
(56) Il s'agit là du tome philosophique
auquel devrait normalement s'adjoindre plus tard un tome concernant
l'application de la logarchie aux Sciences Sociales. Il est pour le
moment constitué de 500 pages de notes.
(57) Aliénée parce qu'on m'a
excentrée, rendue excentrique en désaxant mes préoccupations hors de moi-même
pour confisquer ma vitalité et mes productions au profit d'autres que moi même. Et possédée parce que d'aucuns ou d'aucunes ont
cru pouvoir se comporter à mon égard en propriétaire.
(58) Etant donnée l'importance
culturelle de l'île, comparativement à
(59) Pomona
Collège. Californie. Etats-Unis.
(60) Par opposition aux hommes
féminins. Puisqu'en France l'homme est universel, il faut préciser…
(61) J'en suis là dans mes
recherches en Sciences Sociales. L'émergence bruxelloise d'un droit sans Etat
ni loi, donne du grain à moudre. A suivre…
(62) Je n'ai jamais aimé ce
livre à cause de son chaos. Je n'aime pas non plus le chaos et n'en fait pas
l'apologie. Je le préfère seulement à un ordre qui a décidé ma perte. Le
légalisme n'est pas la garantie de la survie.
(63) Version cybernétique de
(64) L'ensemble
(65) Rien d'étonnant à cela
puisqu'étymologiquement le mot capital vient de cheptel, troupeau.
(66) A l'époque l'Est n'était
pas encore décomposé comme aujourd'hui et la nouvelle époque militaire des
guerres hors-sol, pas encore dévoilée. C'est d'ailleurs celle du Golfe qui l'a
inaugurée. On attend toujours le bilan des morts irakiens. Est-ce parce qu'on
considère que ce ne sont déjà plus des hommes qu'on s'est dispensé de le
publier?
(67) Adaptation de Philippe
Faure. Mise en scène de Jean-Paul Lucet. Avec Michel
Bouquet, Jacques Spiesser et Jerôme
Anger. La pièce a été créée au Théâtre des Célestins à Lyon le 5.11.1990.
(68) Bien que cette pièce ait été
une féconde exception, au vu des excès d'aujourd'hui, je confirme mon point de
vue. Les adaptateurs d'aujourd'hui sont en train d'effectuer des composts
étonnants… s'en tenir au choix de l'auteur est une sorte de garde-fou.
(69) Il n'y a pas de différence entre ma chambre d'hôpital et un tournoi de
go.
(70) Ce que le milieu
littéraire d'avant-garde peut admettre. La limite de l'intelligibilité.
J'adhère à Sokal quand il affirme qu'une phrase peut
n'avoir aucun sens et comme professeur de lycée, j'en ai souvent l'expérience.
Mais encore faut-il parfois faire l'effort de se demander ce que cela pourrait
bien vouloir dire.
(71) Professeur en retraite de
l'Université de Victoria. Colombie Britannique. Canada.
(72) Prononcé au congrès du
CIEF à Québec en 1994, cette communication a été publiée dans Etudes Francophones Vol 12 N°2 Fin 1997. Elle
ne doit pas être confondue avec A bord de
l'écriture publié dans L'écrivain et
l'espace chez L'Hexagone.
(73) Cette ambiguïté est très
bien montrée dans le film d'Agnès Merlet Artémisia 1997.
Voir mon article Les trois degrés de la
conscience. Circulation samizdat.
(74) Aussi incongrue que cette
notion paraisse, mais de toutes façons, nous n'en finissons pas de muter.
(75) Le féminisme en tant que
démocratisation peut se comprendre comme l'extension aux corps féminins des
droits et privilèges masculins. Parmi ceux-ci le droit (ou privilège) d'être et
de vivre comme un sujet ontologique.
(76) Définie dans La pensée corps comme la gestion
d'ensemble des ressources terrestres. La confluence de la biologie, de la
géographie et de l'économie.
(77) Le machinisme généralisé
rend tendanciellement le travail inutile. Mais cette nouvelle donne du
processus productif prive toute une partie de la population de revenus et de moyens
d'existence. A partir de là deux solutions sont possibles: La première consiste
à découpler participation à la production et répartition, en distribuant d'une
façon ou d'une autre, les biens produits quasi-automatiquement. La seconde
consiste à se débarrasser de la population surnuméraire. Il semble que les deux
soient à l'œuvre simultanément. La première grâce aux allocations de tous poils
et aux supermarchés. La seconde par tous les moyens possibles que ce soit les
nombreux génocides en cours ou de façon plus soft en présentant comme une
solution au chômage des emplois à temps partiel dégageant royalement des
revenus de 3000 francs par mois… Il est vrai que ces emplois sont occupés
majoritairement par des femmes. Si on retrouve dans la survenue de cette
production presqu'automatique la problématique d'un certain Karl, on est obligé
de convenir qu'il lui manquait dans ses conclusions, l'expérience de
(78) Les lois du monde sont
dans un certain équilibre entre la fusion et la séparation. Si la fusion
augmente, la séparation doit le faire aussi comme on se penche sur le côté
d'une barque pour l'empêcher de chavirer. La fragmentation est le contraire de
la globalisation, et non sa négation.
(79) Aussi étonnant que cela
puisse paraître, il semble qu'il y ait là une nouvelle réalité physiologique.
Il ne suffit pas de constater qu'on assiste aujourd'hui à une séparation de la
sexualité et de la procréation, car cela est vieux comme Hérode. C'est plutôt
qu'il existe désormais d'autres moyens de reproduction que l'accouplement
hétérosexuel permettant de toutes autres constructions génétiques, sociales et
culturelles. Le mort n'est d'ores et déjà plus une limite physiologique, sans
compter les multiples prothèses techniques de tous ordres. C'est peut-être
encore l'homme, mais peut-être ne l'est-ce déjà plus… Car la reproduction n'est
pas la procréation…
(80) Le Loup de Gouttière distribué par Le fer de chance (Tel: 01-34-60-10-91). An Amzer 70 rue Victor Hugo 29200 Brest. L'Harmattan 16 Rue des Ecoles 75005 Paris Vents d'Ouest 185 rue Eddy Hull J8X 2X2
Québec Canada Ecbolade 1 Bd Maistre 62290 Noeux
Les Mines. Et Minuit 7 Rue Bernard
Palissy 75006 Paris.
(81) Professeur dans un lycée
technique à Paris, ma vie professionnelle est devenue une torture qui au fil
des mois nous déstructure moi et mes collègues. Le syndrome des situations
extrêmes est apparu.
(82) Il est impossible d'en
faire la liste. Dans cette communication j'en ai déjà oublié. Déjà au moins
(83) Je reprends cette trouvaille
du Québec, mais je n'y crois guère. La dimension religieuse du monde me paraît
avant tout une affaire d'homme masculin, une volonté d'aménager le lien avec la
mère en le préservant (dans le judaïsme) ou pour s'en débarrasser (dans le
christianisme) en en attribuant la substance au masculin. Quid de
Jeanne Hyvrard
Prononcé à l'Université
Sainte Marthe d'Avignon le 15 Février 2000 dans la classe du Professeur Ramond.
Mise à jour : mars
2015